Inter-Environnement Bruxelles
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L’accord du gouvernement fédéral : un remake de 89 ?

Tout le monde s’accorde pour qualifier le nouvel accord du Gouvernement fédéral d’historique. Il comporte un volet institutionnel qui acte un transfert important de compétences et de moyens aux entités fédérées ainsi que quelques mesures de « simplification » intra-bruxelloises, et un volet socio-économique particulièrement musclé que les marchés financiers se sont empressés d’applaudir.

Dans un article récent paru dans la presse néerlandophone [1], le géographe Christian Kesteloot constatait l’inégalité croissante de la répartition des richesses entre Bruxelles et la Flandre. En 1977, le revenu des Bruxellois était supérieur de 18% à la moyenne nationale. Aujourd’hui, il est inférieur de 18 %. Nous connaissons bien ce paradoxe qui veut que les salaires pratiqués à Bruxelles, qui sont pourtant supérieurs à ceux pratiqués dans les autres régions (500 euros de plus en moyenne qu’en Flandre et 700 euros de plus qu’en Wallonie) profitent surtout aux travailleurs qui font la navette alors que les coûts liés à la fonction de capitale sont pris en charge majoritairement par les Bruxellois qui voient, eux, leurs revenus relatifs diminuer de 1% en moyenne chaque année. Une réalité qui fait dire au géographe qu’en Belgique, les pauvres paient pour les riches...

L’accord du Gouvernement fédéral prévoit de nombreuses mesures de réduction des coûts qui toucheront plus durement les per-sonnes les plus précarisées de notre société. Avec un taux de pauvreté proche des 30 % (et probablement sous-estimé tant le coût de la vie est plus élevé dans la capitale), Bruxelles sera immanquablement plus durement touchée que les autres Régions. Et rien ne prouve que les moyens nécessaires pour faire face à ce désastre annoncé suivront en proportion.

On ne peut s’empêcher de comparer la situation actuelle à celle de 1989, année de naissance de la Région bruxelloise. En échange d’un parlement et d’un exécutif propre (sans autonomie constitutive), la contre-partie payée à l’époque par la toute nouvelle Région ne se révéla que plus tard au gré des exercices budgétaires : un déficit chronique de financement que les gouvernements bruxellois successifs n’ont de cesse de compenser par une politique immobilière débridée.

Inter-Environnement Bruxelles


[1www.brusselsnieuws.be, 7 décembre 2011.