Le 17 octobre dernier prenait fin l’enquête publique sur le projet du nouveau plan de mobilité régionale dit « Good Move ». Nourrie par ses associations et comités membres, IEB a envoyé ses remarques à la Région. Si le plan présente de nombreux objectifs louables (réduction de la place de la voiture en ville, promotion de la marche et des modes actifs, aménagement du territoire pensé de manière à limiter les déplacements…), les moyens mis en œuvre pour ce faire ne semblent pas toujours adéquats. Pris entre la nécessité de s’inscrire dans le sillage d’orientations déjà adoptées (le PRDD, le contrat de gestion de la STIB,...) et le choix de ne pas remettre en cause des projets considérés comme des « coups partis » (le métro nord, les parkings de dissuasion...), le plan pêche avant tout par son absence de budget et de moyens spécifiques accordés à sa mise en œuvre.
Si ce constat était déjà posé en son temps lors du précédent plan Iris II, la véritable nouveauté se situe du côté de la place accordée aux nouveaux acteurs privés actifs dans le domaine de la mobilité. Que cela soit via la place accordée en voirie aux engins de micro-mobilité ou via leur insertion dans une application de « mobility as a service », ces nouveaux services sont loués comme la meilleure manière de multiplier les moyens de transport et donc de limiter l’usage de la voiture personnelle. Problème : non seulement ces services répondent à des logiques de profit et pas de service à la population, mais l’affirmation selon laquelle ils permettraient de limiter l’usage de la voiture n’est corroborée par aucune donnée ni aucun chiffre !
Une amélioration globale des fréquences et du maillage du transport public de surface serait bien plus à même de provoquer un report modal, mais là où Iris II visait une amélioration de l’accessibilité en limitant autant que faire se peut l’imposition de correspondances, « Good Move » vise au contraire l’établissement de certaines lignes fortes de transport en commun sur lesquelles les autres lignes seraient rabattues.
Véritable angle mort du projet de plan, les enjeux liés à l’équité sociale de la mobilité en région bruxelloise ne font pas l’objet d’une attention particulière. Sur la réduction de l’usage de la voiture par exemple, difficile de ne pas y voir la promesse d’une ville duale. En effet, le projet de plan prévoit de créer des quartiers « apaisés », c’est-à-dire délivrés du trafic de transit, en renvoyant la circulation et ses nuisances le long des grands axes et aux limites de la Région. La réduction de l’usage de la voiture devrait au contraire se faire sur l’entièreté du territoire régional, ne serait-ce que pour des raisons sanitaires et de sécurité. Faire l’inverse reviendrait à créer des quartiers attractifs pour ceux et celles qui peuvent se permettre financièrement d’y loger (ou d’y investir) et d’imposer les externalités négatives de l’automobile à tous les autres.
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