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Le plan Good Move est l’actuel plan régional de mobilité. Succédant à Iris 2 (2010), il fixe des objectifs à atteindre à l’horizon 2030, notamment en termes de réduction de l’usage de la voiture sur le territoire régional. L’un de ses objectifs phares consiste dans la création de mailles apaisées, soit une cinquantaine de quartiers dans lesquels les plans de circulations sont revus et des aménagements proposés afin d’y réduire le trafic de transit.
Lors de son élaboration, le plan Good Move fut loué comme le résultat d’un grand processus participatif, une expérience de co-création ayant porté ses fruits. Peut-on aujourd’hui en dire autant de sa mise en œuvre ?
"Non" à l’en croire des habitants de Schaerbeek qui ont récemment alerté IEB sur la difficulté de participer à des soirées sur la création de ces mailles apaisées. Organisées depuis le début du mois de février et jusqu’à la fin du mois de juin, elles concernent les quartiers Royale Sainte Marie, Cage aux Ours et Azalées.
En raison du Covid, la participation prend un tour numérique. Mais pour être effective, la formule demande une vraie réflexion sur son accessibilité. En effet, face à la vidéoconférence, tout le monde n’est pas égal, que cela soit en raison d’un manque d’outil (avoir à sa disposition un ordinateur et une connexion valable) et/ou une difficulté à l’usage (connaissance du web, maitrise des logiciels...). Il importe également que l’information sur l’existence de telles réunions soit diffusée vers différents canaux, et pas uniquement numériques. Sans large publicité à un large public, l’audience sera de facto limitée. On a ainsi vu récemment, dans la même commune, une réunion d’information sur le métro nord qui réunissait une vingtaine d’employé‧es d’institutions (commune, Beliris, Région, Stib, etc...) pour... trois citoyens !
Enfin, lorsque des documents complexes doivent être analysés et discutés, il conviendrait de les partager bien à l’avance... et non pas seulement lors d’une séance de vidéoconférence.
Certes, les conditions actuelles sont particulières et, bien entendu, tout le monde fait du mieux possible avec les moyens du bord. Il n’empêche qu’en matière de participation, numérique ou non, nous observons bien souvent l’exercice du strict minimum, quand il ne s’agit pas tout simplement d’avaliser des décisions déjà arrêtées en amont. IEB regrette que la participation par voie numérique provoque le risque d’un décrochage de la population.
Les mailles apaisées concernent dans un premier temps les quartiers suivants : les quartiers de Dielegem (Jette/ Ganshoren/Ville de Bruxelles) ; Cureghem (Anderlecht/Molenbeek) ; Collignon-Josaphat (Schaerbeek) ; Saint-Gilles (Saint-Gilles/Forest/Ixelles/Ville de Bruxelles) ; et Flagey-Etangs (Ixelles/Ville de Bruxelles). Mais en réalité, les mailles apaisées ne concernent pas que les quartiers susmentionnés.
En effet, en voulant reporter le trafic automobile des quartiers sur les grands axes et en cascade jusqu’au Ring de Bruxelles, la Région fait le choix d’une politique à deux vitesses où les nuisances automobiles (bruit, pollution, insécurité...) seront réduites au sein des mailles, mais augmentées en dehors de celles-ci pour les personnes qui vivent dans des espaces plus excentrés ou à proximité des grands axes.
Par exemple, à Schaerbeek, la mise en sens unique de l’avenue princesse Elisabeth affectera et déplacera le trafic déjà saturé sur l’avenue Demolder qui traverse le boulevard Lambermont. A Forest, le groupe du QuartierWielsWijk s’inquiète également d’une surcharge automobile sur la rue Wielemans-Ceuppens.. En conséquence, les nuisances liées à l’automobile risquent de diminuer d’un côté pour s’aggraver de l’autre.
À l’heure d’écrire ces lignes, les habitants de Schaerbeek n’ont reçu aucune réponse au mail de remarques qu’ils ont envoyé à l’organisateur des ateliers.
D’ici quelques mois, IEB consacrera un numéro de son journal Bruxelles en mouvements à la démocratie urbaine et à la participation citoyenne. Vous avez une expérience en la matière à partager avec nous ? N’hésitez pas à prendre contact avec thyl.vangyzegem@ieb.be.