La Lettre d'IEB

Move'Hub, une vague de trop au Midi

• Palais du Midi : façadisme participatif
• Défendre le logement social
• La totalité du Marais Wiels est un étang !
• La qualité de l’air bruxellois illégale ?

Mardi 12 décembre s’est tenue la « réunion d’information du public » relative à la « déconstruction » du Palais du Midi. Instaurée par l’ordonnance spécialement conçue pour accélérer la démolition du bâtiment, la réunion constitue la première étape du processus de délivrance du permis. Selon les représentants de la STIB chargés de présenter les étapes de la démolition, c’est en avril 2024 que la demande de permis sera introduite. Une réunion qui, en plus d’avoir été scindée en plusieurs « tables de discussion », ne fera l’objet d’aucun PV.

Le logement social n’a plus la cote dans le monde politique. Pourtant, il reste à l’heure actuelle la seule mesure politique véritablement sociale en matière de logement. Parce qu’il permet tout à la fois de sortir de la logique du logement-marchandise, d’éviter l’appropriation des subsides publics par quelques-uns, de lutter contre les discriminations au logement, d’assurer la justice sociale et le droit à la ville, il est temps de lui redonner une place de choix.

Enquêtes publiques

IEB référence l’ensemble des enquêtes publiques des 19 communes bruxelloises, ainsi que des avis les concernant sur lafficherouge.ieb.be. Le site reprend les enquêtes en cours, et remonte jusqu’à 2003. Vous avez également la possibilité de recevoir, en vous créant un compte, chaque semaine par e-mail, les enquêtes publiques en cours, selon vos critères pré-établis.

L’extension du métro vers le nord, qui implique la construction d’un tunnel de 5 km et de 7 nouvelles stations, revient à l’enquête publique. Suite aux nombreuses remarques et avis formulés en mars 2022, des plans modifiés sont présentés à la population. Des modifications qui concernent essentiellement les abords des stations et n’affectent pas le projet dans son principe. Si ces plans modifiés peuvent déjà être consultés, l’enquête publique aura formellement lieu du 15 janvier au 13 février 2024. Une nouvelle demande de permis qui intervient alors qu’on ne sait toujours pas comment la Région compte financer l’extension et que la mauvaise santé financière de la Région a déjà donné lieu à de nombreuses coupes budgétaires.

Brussels Airport Company a introduit une demande pour renouveler son permis d’environnement. Il s’agit d’un document extrêmement important puisqu’il réglemente le nombre de vols autorisés par an, l’usage des pistes, le type d’aéronef et les activités nocturnes du site. De plus, conformément à la nouvelle réglementation flamande, le permis a dorénavant une durée de validité illimitée. Autant dire que son adoption va déterminer les nuisances que la Région va subir durant de nombreuses années. Bruxelles Environnement a mis à disposition une traduction non officielle des documents ici. L’administration demande par ailleurs que tout avis émis par des citoyens bruxellois lui soit envoyé en copie afin qu’elle rédige une note de synthèse annexée à l’avis de la Région. Vous pouvez le faire à l’adresse suivante.

IEB salue les intentions et les ambitions affichées par ce projet de PPAS « Varda » à rebours des projets spéculatifs précédents. Cette nouvelle mouture préserve les potagers existants et tente de trouver un équilibre entre construction de logement public et préservation des sols vivants. Toutefois, pour IEB, il est impératif que la priorité soit donnée à la construction de logement social locatif à hauteur de100 % des constructions prévues et d’utiliser la réserve foncière de la Plaine aux Corneilles pour résorber le retard de la commune d’Ixelles en matière de construction de logement social sur son territoire. IEB s’interroge aussi sur l’absence totale de stationnement pour un projet de plus de 140 logements et demande de revoir le PPAS sur ce point.

L’Atlas du réseau hydrographique « fixe le statut juridique des cours d’eau non navigables, de fossés importants pour le réseau hydrographique et des étangs régionaux gérés par Bruxelles Environnement ». Il reste trois jours pour consulter l’atlas mis en ligne et communiquer vos remarques d’ici au terme de l’enquête publique. Selon IEB, l’Atlas hydrographique pourrait être un formidable outil de connaissance et de protection juridique de l’existant à condition d’être exhaustif et d’y intégrer nombre de données aujourd’hui absentes de l’Atlas. Sa révision devrait être l’occasion de l’articuler et/ou d’y intégrer d’autres cartes pertinentes telle que la carte des îlots de fraîcheurs, la carte "Bruxelles, ville d’eau !", la carte des zones inondables, ... Il est essentiel qu’il soit cohérent avec différents plans et stratégies régionaux tels que le Plan de Gestion de l’Eau ou la stratégie Good Soil. La protection intégrale du Marais Wiels est un bel exemple d’une telle cohérence. IEB soutient le Comité d’habitants du Marais et demande à ce que l’entièreté de la zone humide soit inscrite à l’Atlas du réseau hydrographique, en ce compris sa roselière.

Move’Hub est le nouveau nom attribué à l’ancien projet Victor porté par les promoteurs Atenor et BPI sur une parcelle rachetée en 2007 en plein cœur du quartier Midi. Ces derniers envisageaient en 2011 d’y ériger 100.000 m² de bureaux se déclinant sur trois tours atteignant respectivement chacune 150, 116 et 73 mètres de haut. Le projet soumis aujourd’hui à l’enquête publique est nettement plus raisonnable. Les superficies de bureau ont été réduites à 38.000 m² (ainsi que les gabarits par la même occasion) et le programme se diversifie en s’adjoignant 90 logements (dont 64 logements Citydev), 1500 m² d’équipements à définir, 1000 m² de commerces et un jardin collectif de 2600 m². Reste qu’on est toujours face à un projet massif contenant majoritairement du bureau et pas un seul logement social !

Le projet de PAD « Défense » s’inscrit dans une réflexion interrégionale d’aménagement du territoire avec l’élaboration en parallèle d’un GRUP en Région flamande qui vise à développer du logement, des activités économiques ainsi qu’un parc de 5 hectares sur le territoire bruxellois. Si IEB salue les ambitions environnementales de ce plan, nous remettons fortement en question la volonté de développer du logement dans cette zone de couloir aérien où les normes de bruit sont largement dépassées en raison de la proximité de l’aéroport de Zaventem. Ne vaudrait-il mieux pas y développer un programme d’équipements et d’activités économiques tout en renforçant la part de logement public et social dans tous les autres PAD en chantier sur la région bruxelloise ?

Revue du web

Le projet d’atlas hydrographique classe le marais Wiels comme un étang, mais en réduit sa surface. L’asbl Marais Wiels se base, quant à elle, sur une étude à paraître réalisée à partir de photographies aériennes, de cartes disponibles dans le domaine public, d’analyses de la composition des zones de végétation et d’observations citoyennes pour affirmer que « l’étang Wiels » ferait près de 9.000 m² et non 6.450 m² tel que présenté dans l’atlas.

IEB soutient le comité d’habitant·es du Marais et demande à ce que l’entièreté de la zone humide soit inscrite à l’Atlas du réseau hydrographique, en ce compris sa roselière ; afin de garantir la biodiversité du site, son intérêt pour la lutte contre les inondations et les îlots de chaleur.

Les premiers résultats intermédiaires des 24 points de mesure du projet citoyen ExpAIR (piloté par le BRAL en collaboration avec Bruxelles Environnement), effectués entre juillet et septembre 2023, montrent que la norme européenne annuelle de 40 μg/m³ n’est fort probablement pas respectée en de nombreux endroits à Bruxelles. En effet, la moyenne bimensuelle ExpAIR est bien supérieure à cette norme, et également supérieure aux résultats du réseau primaire officiel de la Région durant la même période. Le point de mesure de la porte d’Anderlecht, marrainé par IEB, à un jet de pierre de nos bureaux, est parmi les points noirs de la région. La concentration mesurée en NO2 (dioxyde d’azote) y est en effet supérieure à la norme européenne légale de 40µg/m³ pour 2 des 4 résultats valides mesurés à cet endroit : 49,5µg/m³ fin août et 53,5µg/m³ début septembre. Il en va de même pour d’autres stations de mesures de ce réseau citoyen utilement complémentaire au réseau officiel des stations de mesure de la qualité de l’air.

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