La Lettre d'IEB

Le métro 3 prend l'eau de toute part

Move'Hub : l'équilibre financier du promoteur avant l'intérêt des habitant·es

• Palais du Midi : un patrimoine social et patrimonial en danger
• Bêtes urbaines
• Inauguration d’une autoroute au cœur d’Auderghem
• Rencontre et formation du Front Anti-Expulsions
• Préserver l’existant, une question de démocratie urbaine
• Les films des Ateliers urbains sur le métro 3 sont en ligne

En juin 2023, on apprenait que la construction du tunnel raccordant la future station Toots Thielemans et le tunnel Nord-Midi rencontrait des problèmes techniques et impliquait la démolition de l’intérieur du Palais du Midi.

Afin de sauver le patrimoine social – le Palais abrite des dizaines de commerçants ainsi que des milliers d’usagers des infrastructures sportives – et architectural, l’ARAU a introduit, en octobre dernier, la candidature du bâtiment pour le « 7 Most Endangered Programme 2024 » d’Europa Nostra, fédération paneuropéenne de sauvegarde et de protection du patrimoine culturel et naturel.

Une étape dans la procédure vient d’être franchie : le Palais du Midi a été sélectionné parmi les 11 sites européens les plus menacés et est à ce titre finaliste du programme d’Europa Nostra. À la faveur de cette reconnaissance, qui, espérons-le, appuiera l’autre demande de classement introduite au niveau de la Région, le Palais du Midi fera l’objet d’une campagne de sensibilisation au niveau européen.

Au milieu de campagnes ravagées par l’agriculture industrielle, l’étalement urbain et la fragmentation spatiale, Bruxelles est devenue un refuge pour certains animaux. Des « sales petites bêtes » qui peuplent les lits bien chauds ou qui grignotent de la frigolite, aux animaux qui osent sortir de leurs espaces dédiés, en passant par des espèces plus chères à nos cœurs qui survolent nos maisons, toutes transforment la ville (ses habitants, leurs pratiques et le futur de certains lieux). Mais, l’inverse est également vrai : la ville transforme les animaux “sauvages.” Toutefois, davantage qu’un bestiaire, ce Bruxelles en Mouvements questionne nos relations au vivant, rompt avec une cohabitation de type fonctionnaliste et offre une lecture sociale de présences animales à Bruxelles.

Le 20 juin 1976, le viaduc Herrmann-Debroux était inauguré, illustrant l’affrontement de deux camps. Le premier comptait bien poursuivre la trajectoire entamée par le plan « Bruxelles Carrefour de l’Occident » avec des travaux démesurés et des expropriations massives. IEB, l’ARAU et les comités de quartiers vont alors se mobiliser pour défendre leurs espaces de vie, mettant à mal le consensus du tout à l’automobile initié par l’exposition ‘58.

Aujourd’hui encore, la Région doit gérer les infrastructures du passé. Alors que les tunnels de la petite ceinture s’effritaient en 2016, elle a choisi de consacrer des centaines de millions d’euros à leur rénovation. Le Viaduc Hermann-Debroux, quant à lui, devrait être démoli dans la prochaine décennie. Face à cet héritage du passé, il est utile de rappeler les revendications d’IEB à l’époque : il faut utiliser l’argent disponible pour aménager des espaces publics et améliorer les transports en commun. Elles n’ont pas pris une ride !

Enquêtes publiques

IEB référence l’ensemble des enquêtes publiques des 19 communes bruxelloises, ainsi que des avis les concernant sur lafficherouge.ieb.be. Le site reprend les enquêtes en cours, et remonte jusqu’à 2003. Vous avez également la possibilité de recevoir, en vous créant un compte, chaque semaine par e-mail, les enquêtes publiques en cours, selon vos critères pré-établis.

L’extension du métro vers le nord, qui implique la construction d’un tunnel de 5 km et de 7 nouvelles stations, revient à l’enquête publique. Suite aux nombreuses remarques et avis formulés en mars 2022, des plans modifiés sont présentés à la population. Des modifications qui concernent essentiellement les abords des stations et n’affectent pas le projet dans son principe. Si ces plans modifiés sont en ligne depuis la mi-décembre, l’enquête publique débute formellement cette semaine et se tiendra jusque le 13 février. Cette nouvelle demande de permis intervient alors qu’on ne sait toujours pas comment la Région compte financer l’extension et que la mauvaise santé financière de la Région a permis au gouvernement de justifier d’importantes coupes budgétaires pour l’année 2024.

Dans son avis du 4 janvier 2023, la Commission royale des monuments et des sites (CRMS) alerte sur « les interventions prévues sous l’hôtel communal de Schaerbeek, et rappelle que les craintes qu’elle avait formulées au sujet du Palais du Midi au moment de la demande de permis étaient particulièrement fondées ».

Le promoteur privé Urbicoon veut détruire 3 bâtiments emblématiques du canal de Bruxelles pour la construction de 90 appartements de luxe. Ce projet interroge à de multiples niveaux. Tout d’abord, parce que les bâtiments sont repris à l’inventaire du patrimoine comme témoignage de l’histoire industrielle de Bruxelles. Ils se trouvent à proximité directe de la Ferme des Boues et la Commission Royale des Monuments et des Sites a remis un avis très critique sur le projet. Cela seul devrait remettre en question l’option de démolition-reconstruction envisagée par le promoteur. Ensuite, parce que ce bâtiment abrite actuellement l’un des plus grands lieux de répétition pour les groupes bruxellois. Il s’agit de l’un des derniers espaces bon marché où les groupes peuvent venir répéter sans crainte de produire des nuisances pour les riverains. Enfin, et cela rejoint le point précédent, parce qu’il est nécessaire de maintenir des espaces productifs à Bruxelles, a fortiori le long du canal. Pour permettre aux activités productives de se maintenir en ville, il faut non seulement des lieux adaptés, mais aussi maintenir les logements à distance raisonnable faute de quoi les nouveaux arrivants se plaignent inévitablement du bruit, et ces plaintes conduisent au départ et à la fermeture des lieux de production. Autant de raisons de se mobiliser contre ce nouveau projet de logements sur le canal.

Revue du web

Le Front Anti-Expulsions organise un après-midi de formation suivi d’un moment convivial pour se rencontrer, se retrouver et discuter propriété privée lucrative et droit au logement autour d’un verre.

Tandis que la « transition » semble être le nouveau mot d’ordre de saccages lucratifs, IEB défend la préservation de l’existant, un ingrédient constitutif de ses actions qui fut moteur de l’actualisation de sa charte à l’automne 2022. Une façon de prendre soin de la ville et de ses habitant·es et de valoriser les moyens disponibles.

Associations 21 a invité Cataline Sénéchal (IEB) à en parler lors d’un petit déjeuner thématique, avec la participation d’Hélène Ancion (Canopéa).

Stalingrad avec ou sans nous ?, Mais qui veut changer Liedts ? et Le chantier du siècle, trois films abordant le chantier du métro 3 et produit dans le cadre des Ateliers urbains du CVB, sont dès à présent disponibles en ligne.

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