Le Syndrome des micro-ondes

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22 juin 2011 • Gérald Hanotiaux

Des personnes en nombre croissant décrivent, partout dans le monde, une série de symptômes manifestés par leur corps au contact des technologies de communication sans fil. L'ensemble des effets, dus aux interactions entre les champs électromagnétiques hyperfréquences et le métabolisme humain, a reçu la dénomination de « Syndrome des micro-ondes ».

Un groupe de personnes, victimes de l’agression électromagnétique en Belgique, a établi il y a quelques années une liste de symptômes ressentis par des riverains d’antennes relais : sommeil perturbé, nervosité intérieure, hyperactivité, sifflements dans les oreilles, saignements du nez, irritabilité, hostilité, dépression, inquiétude, anxiété, difficultés de se concentrer, d’apprendre, de mémoriser, douleurs rhumatismales et articulaires, pressions et tensions au crâne, tensions à l’arrière de la tête, dans la nuque et les épaules, picotements, tremblements, douleurs sourdes dans le corps, altération des sensations de toucher, serrements au niveau du ventre, troubles cardiaques et vasculaires, altérations de la vue, membres qui dorment (,...)

Cette inquiétante énumération résulte d’observations personnelles, au sein de parcours longs et d’expériences douloureuses aboutissant à la compréhension des causes des troubles physiques. « Ces symptômes ne sont pas systématiques et ils s’installent de manière pernicieuse, nécessitant une réelle attention pour s’en rendre compte. Ils varient d’une personne à l’autre, peut-être pour des raisons physiologiques, peut-être en fonction de leur sensibilité ou leur capacité à écouter ce qui se passe à l’intérieur de leur corps » [1]. Perturbant totalement le quotidien, le développement de ces symptômes représente une véritable catastrophe personnelle.

Si cette sensibilité varie selon chacun, l’une des premières manifestations physiques consiste souvent en de graves insomnies, inexplicables pour l’individu. Cette incapacité chronique à dormir entraîne un rythme de vie totalement déstructuré, aux inévitables implications dans la vie quotidienne, tant en termes de vie professionnelle que de vie sociale. Par ailleurs, ces personnes doivent vivre avec un bourdonnement électrique permanent dans le cerveau, partout où un accès aux réseaux de téléphonie mobile est assuré. Ce dernier trouble peut également parfois s’accompagner d’acouphènes aigus, lors d’une plus grande proximité avec les sources d’émission de micro-ondes, que ce soit l’axe direct d’une antenne, une borne wi-fi, ou encore un téléphone mobile. Cette situation, éreintante, ne permet aucun répit dans notre actuelle société technophile.

En société, les personnes touchées par le syndrome doivent en effet se confronter des dizaines de fois par jour avec les machines créant la souffrance. Il est de plus en plus difficile, par exemple, d’aller boire un verre sans apercevoir sur la vitre de l’établissement la fière inscription « wi-fi gratuit ». Il est également impossible de voyager sans devoir s’inquiéter de l’état sanitaire de l’atmosphère sur le lieu de destination. La vie professionnelle n’est parfois plus envisageable, les lieux de travail étant saturés d’engins sans fil.

Cette situation a bien entendu des répercussions sur le stress et le moral. Comment tenir le coup, en effet, lorsque nulle part le corps ne peut évoluer dans une atmosphère saine ? Les technologies sans fil poussent donc leurs victimes vers un isolement total, car s’il est aujourd’hui impossible d’échapper aux micro-ondes, il s’agit tout de même d’éviter au maximum de s’y confronter directement. Certaines personnes se barricadent dans leur logement, en installant des protections avec des matériaux extrêmement coûteux, qu’il s’agisse de peintures spéciales ou de rideaux métallisés freinant les rayonnements, d’autres doivent se résoudre à dormir dans des cages de Faraday. Devoir prendre ces mesures représente un scandale inédit, revenant à se fabriquer une petite bulle d’air sain, dans une atmosphère générale malsaine, saturée de micro-ondes électromagnétiques propulsées sciemment dans notre environnement.

Et outre les rayonnements de la téléphonie mobile, les logements sont également envahis par ceux des installations privées des voisins, qu’ils émanent de téléphones DECT émettant 24h/24 ou de bornes wi-fi, jamais éteintes. En plus de l’agression physique que ce fait social provoque, il s’agit également d’une totale aberration énergétique : de l’électricité est projetée dans l’air en permanence !

L’institution hospitalière n’est pas préservée, et comprend ses propres réseaux internes de téléphonie sans fil ou de wi-fi, entraînant une souffrance accrue en cas d’hospitalisation. Ces personnes doivent parfois se confronter au scepticisme du monde médical, qui refuse encore souvent de reconnaître les symptômes, ou n’est simplement pas informé de la situation. Les médias de masse présentent pourtant régulière-ment le témoignage de personnes évoquant leur expérience au contact des technologies sans fil, une médiatisation qui semble cependant n’entraîner, au sein de la population, aucune prise de conscience et aucun changement des pratiques technologiques.

Les personnes touchées, plutôt que les con-sidérer comme des voyants d’alerte au sujet de l’inconscience actuelle et de la dangerosité de cette société du sans fil, sont simple-ment poussées sur le côté. Alors qu’elles sont victimes d’une agression, on leur colle une étiquette : « électrohypersensibles ». Depuis quelques années, l’Organisation Mondiale de la Santé définit précisément cette affection et les symptômes décrits ici, sans toutefois préconiser de mesures de santé publique visant à rendre une vie normale aux victimes, et à enrayer la progression de leur nombre. Nous assistons, en direct, à la banalisation d’un nouveau syndrome évitable.
Aujourd’hui, les estimations de la population concernée à des degrés divers par ce syndrome évoquent jusqu’à 10%. Dès lors qu’aucune campagne d’information du public n’est entreprise, et que les pouvoirs publics et privés continuent sans fin d’installer leurs engins, il semble inévitable que le nombre de victimes des industriels du sans fil va continuer à grimper. Quel pourcentage devra être atteint pour que les autorités belges prennent des mesures de santé publique ?

L’air est chargé d’électricité

Ce texte est une présentation succincte de ce que peut représenter la vie quotidienne des victimes des industriels du sans fil. Vous pourrez découvrir un texte-témoignage complet et diffusé par épisodes successifs, intitulé « L’air est chargé d’électricité », dans la lettre d’information d’IEB et sur www.ieb.be.