Les habitants du Comité Progrès-Nord risquant l’expulsion ont rencontré Emir Kir

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30 mars 2011

C'est depuis septembre 2010 que les habitants de la rue du Progrès risquant d'être expulsés avaient demandé à rencontrer Emir Kir. En effet, le secrétaire d'Etat à l'urbanisme est responsable de la délivrance du permis provoquant la destruction de leurs habitations. Après de longs mois d'attente, ils ont enfin obtenu leur rendez-vous le jeudi 23 mars 2011. Ils s'y sont rendus en petite délégation de propriétaires et de locataires encadrés par l'Union des Locataires du Quartier Nord, Albert Martens et Inter-Environnement Bruxelles. Si la rencontre fut cordiale, les habitants sont sortis déçus de ce dialogue longuement attendu. Et ce pour plusieurs raisons.

Le reportage de Télé Bruxelles.


La Région n’a pas montré une attention soutenue aux alternatives au projet qui permettraient d’éviter l’expulsion

Depuis plusieurs années, les habitants et les associations invoquent l’existence d’alternatives qui permettraient le maintien de l’ensemble des habitations tout en améliorant l’exploitation ferroviaire. Les habitants sont conscients de l’importance de l’utilité du transport public mais ne comprennent pas le manque d’égard lié aux alternatives proposées.

L’étude qui analyse l’impact du projet énonce clairement les faits suivants : le tracé de l’alternative est acceptable du point de vue géométrique, elle est compatible avec le schéma d’exploitation de la jonction Nord-Midi, elle ne modifierait pas le degré d’indépendance du trafic TGV. Par contre, il est vrai qu’elle est plus complexe à réaliser, qu’elle modifierait la souplesse d’exploitation et exigerait des aménagements en matière de sécurité. Ce qui faisait dire au bureau d’étude qu’elle ne répondait pas « aux objectifs qu’on était en droit d’attendre d’une nouvelle infrastructure conçue pour minimum 100 ans ». Mais le projet actuel ne répond pas non plus à ces objectifs puisqu’il n’est jamais qu’un sparadrap temporaire en attendant des mesures beaucoup plus profondes visant à résoudre la question de la saturation de la Jonction Nord-Midi.

Or lors de la rencontre, le secrétaire d’État a clairement laissé entendre aux habitants qu’ils ne doivent plus rien espérer d’une solution alternative. IEB regrette la manière dont la Région avalise la pertinence du projet proposé par Infrabel alors qu’une gouvernance publique soutenue au démarrage de celui-ci aurait sans doute permis de conclure dans un autre sens. Les dossiers d’Infrabel et de la SNCB devraient faire l’objet de toute l’attention de la Région au vu des disproportions qu’ils entraînent entre la dégradation du tissu urbain et l’utilité que les bruxellois en retire.

La Région propose un planning de relogement mais ne consacre pas le principe « pas de démolition de logements sans reconstruction »

Concernant le droit au relogement des habitants, la Région, tout comme la commune de Schaerbeek, se positionne sous l’angle d’un accompagnement individuel au relogement et ne consacre pas le principe d’utilité publique du droit au logement. Certes, le Secrétaire d’État va plus loin que la commune. Il reconnaît les insuffisances des conventions passées par celles-ci prévoyant un accompagnement individuel des locataires et des indemnités. Il affirme qu’il faut passer d’une obligation de moyen à une obligation de résultat c’est-à-dire l’adoption de garanties que tout un chacun sera relogé. Pour la première fois, depuis des mois, on entend aussi parler de reconstruction de logements tant au profit des propriétaires que des locataires. Des avancées nettes donc mais toujours suspendues au flou le plus total des garanties qui vont les accompagner.

Visiblement le Secrétaire d’État ne tient pas à s’embarquer dans un bras de fer avec Infrabel. Il s’apprête à ramasser les morceaux cassés par l’opérateur ferroviaire sans lui imposer la prise de responsabilité liée aux conséquences de ses actes. La Région va organiser des tables rondes, rassembler les opérateurs publics de logements existants pour explorer toutes les pistes de relogement mais pourquoi, sacrebleu, ne conditionne-t-elle pas la délivrance du permis à la constitution d’une garantie financière par Infrabel permettant de financer la reconstruction de logement dans le quartier. Plusieurs opérateurs publics (SDRB, Ville de Bruxelles) s’accordent aujourd’hui à dire que les terrains pour reconstruire le logement voulu existent. Mais qui va payer ? La Région ? La Ville de Bruxelles ? C’est à Infrabel à débourser pour les dégâts causés.

Si Emir Kir dit se positionner dans la lignée de sa prédécesseure, Mme Dupuis, qui affirmait en 2006 qu’il fallait imposer la reconstruction d’une quantité équivalente de logements dans la zone, il doit en tirer les conséquences !