Choming-out : les désirs ne chôment pas
https://www.ieb.be/3020
20 février 2011
Chômage, travail, mi-temps, temps plein, plein emploi, crise, dégraissage, mise à l’emploi... Aujourd'hui, la rhétorique des ministères de l’emploi sonne à nos oreilles comme d’éternelles ritournelles. En ce début d’année 2011, un groupe de chômeurs propose sa vision des choses, hors des sentiers battus par les cabinets ministériels ; réaffirmant que certaines vérités restent bonnes à dire, ils présentent dans une brochure une modeste contribution à un nécessaire débat.
Si vos oreilles s’égarent encore du côté des informations des médias officiels, publics ou privés, vous devez savoir que depuis 2008 notre économie est en crise. Ce mot, désignant un état paroxystique temporaire, est pourtant d’usage pour qualifier notre société depuis la fin des années 1970. Depuis, les plans politiques de gestion du chômage se succèdent, dont le dernier avatar se nomme joliment « Plan d’Accompagnement des Chômeurs », et représente en réalité une procédure de contrôle du comportement de recherche d’emploi. Pour ne pas avoir cherché avec suffisamment d’ardeur une chose qui n’existe pas, les personnes survivant avec quelques centaines d’euros mensuels risquent donc une sanction et la suppression de leurs allocations de chômage.
Pluralité de modes de vie
Dans ce contexte, depuis des décennies des êtres humains vivent, travaillent, sont ensuite au chômage, se rendent utiles hors du salariat, reprennent pour un moment un travail salarié... et vont ensuite jouer la pièce de théâtre du contrôle dans les bureaux de l’Onem ! Nous sommes face à des chômeurs que l’on veut monter contre les travailleurs, des travailleurs futurs chômeurs, des chômeurs futurs travailleurs, d’anciens futurs chômeurs devenus travailleurs travaillant à faire travailler des chômeurs futurs travailleurs et bientôt futurs chômeurs...
Dans cette brochure apparaissent des bribes de modes de vie, celui des intermittents du chômage pour lesquels il faudrait trouver de nouveaux noms. On y trouve également un aperçu d’histoire politique, explorant les origines de cette solidarité envers les personnes dépourvues de revenus du travail, et décrivant le processus de détournement du mécanisme par l’Etat, pour en arriver aux politiques disciplinaires et culpabilisantes d’aujourd’hui. Un voyage est également proposé au sein des institutions (organismes de placement, syndicats, Office National de l’Emploi,...) où l’on peut parfois constater des craquements dans les consciences de tous les rouages du système.
Ils sont en échec !
Les plans successifs des autorités belges échouent systématiquement dans leur objectif annoncé : réduire le nombre de chômeurs en Belgique. Il serait bon aujourd’hui de reconnaître enfin l’échec et de cesser le report de responsabilité de la situation sociale et économique sur les personnes vivant les résultats de l’échec. Comme souvent, un dessin valant mieux qu’un long discours, vous trouverez sur les deux pages suivantes un cliché clair du processus en vigueur depuis le grand tournant libéral des années 1980, réalisé avec application en Europe par les partis au pouvoir, de droite comme de gauche.
L’idéologie prévalant à la mise en place des politiques actuelles de l’emploi traverse tous les domaines de la vie quotidienne et touche tout le monde, car si l’on surveille et dirige le comportement des chômeurs, c’est aussi et avant tout pour discipliner le monde du travail. Chacune et chacun est concerné par ces politiques et la nécessité de les renverser : travailleurs d’usine, employés d’administration, chômeurs des villes et des campagnes, gens de toutes origines et couleurs,... Faire son Choming-Out représente une invitation à casser le consensus et l’idéologie officielle sur cette question du travail et du non-travail, en portant partout les termes réels du débat et en pointant les responsables du marasme.
CHOMING-OUT
La brochure « Les désirs ne chôment pas » est encartée dans le numéro de janvier 2011 du journal liégeois C4, voir http://c4.certaine-gaite.org. Pour recevoir un exemplaire de la brochure, voir le site www.choming-out.collectifs.net, ou contactez cette adresse : chomes@collectifs.net.