Démarrer un vélo libre service à Bruxelles, quelle belle aventure ! Couvrir la ville de vélos accessibles à tous pour une somme modique, qui pourrait trouver à y redire ?
Certes, la première tentative de la Ville de Bruxelles ne s’était pas montrée très concluante. Néanmoins, la Région, grâce à cette expérience décevante, connaissait la recette à adopter pour parer aux défaillances : disposer d’un bon maillage uniformisé à l’échelle de l’ensemble du territoire régional. Encore fallait-il trouver le moyen de financer l’opération et choisir l’opérateur du système.
Et c’est là que le beau rêve commence à prendre du plomb dans l’aile. Si la Région veut bien se doter de ce nouveau système de transport urbain que toutes les villes métropoles, de Montréal à Paris, s’arrachent, elle ne veut pas mettre un franc dans l’aventure. Le budget serait-il déjà trop grevé par les frais d’infrastructure routière ? Le vélo libre-service bruxellois sera financé par la publicité, un point c’est tout ! Malgré cette décision regrettable sur le signal ainsi donné à l’importance que nos autorités accordent à la politique cyclable, plusieurs options s’offraient à la Région : récolter les taxes publicitaires pour financer un dispositif dont elle gardait la maîtrise (Strasbourg, La Rochelle) ou déléguer le tout à un afficheur publicitaire (Paris, Lyon). Nos pouvoirs publics ont encore une fois démissionné et confié l’entreprise à un opérateur de publicité.
Tout n’était pas perdu, la Région pouvait encore batailler ferme pour négocier une convention équilibrée, limitant l’envahissement publicitaire. Encore raté ! La convention est truffée de clauses ouvrant grande la porte à la multiplication de l’affichage consumériste dans l’espace public.
Et nous voilà un peu plus d’an après la signature de la convention entre JC Decaux. Sur les 200 stations attendues, seules 85 sont en place. La convention n’a toujours pas été approuvée par le Parlement. La
convention tripartite qui devait être passée avec les communes pour s’assurer de leurs engagements n’a jamais pu être signée.
Mais l’espace, lui, se remplit rapidement des sucettes double faces de 2 m2 sans compter les 8 m2 qui trônent sur les voiries régionales sans même chercher à légitimer leur présence par leur rattachement à une station vélo. Plusieurs recours pèsent à leur actuelle sur la légalité de la convention. Une chance pour la Région. L’occasion de remettre les pendules à l’heure et les cyclistes en selle en leur accordant l’importance qu’ils méritent.
Inter-Environnement Bruxelles