Depuis quelques années, des citoyens bruxellois se sont saisis de la question de l’eau dans la ville. L’élément déclencheur de la mobilisation fut le réaménagement de la place Flagey, éventrée par la construction d’un immense bassin d’orage. Au delà des enjeux d’esthétique et d’usage de la place sont apparus très rapidement des questionnements sur la place de l’eau dans la ville.
Ces citoyens, rejoint par une série d’associations, tous concernés par la question de l’eau ont décidé de se réunir et de proposer aux bruxellois des États Généraux de l’Eau, exercice d’intelligence collective qui vise à nous réapproprier cette thématique. Car l’eau est devenue l’affaire de spécialistes, elle s’est technocratisée. Les pouvoirs publics lui ont donné un prix, la transformant en marchandise, ce qui ne manque pas d’attiser la convoitise d’entreprises multinationales spécialisées dans ce secteur. Nombre de rivières bruxelloises ont été voutées et l’eau, petit-à-petit, a disparu de l’imaginaire collectif.
Jusqu’au 28 août, le plan de gestion de l’eau élaboré par le gouvernement bruxellois est à l’enquête publique. Tout citoyen bruxellois est invité à se prononcer sur ce plan. Le document, assez indigeste (il fait plusieurs centaines de pages), mérite pourtant une lecture attentive. Car l’eau n’est pas forcément un problème technique à régler à coups d’investissements en infrastructures diverses (bassins d’orage, stations dépurations, égouts, ...), elle pose aussi des questions de comportement individuel et collectif, elle peut être vecteur de solidarité et constitue enfin un excellent stimulant pour notre imaginaire.
Ce numéro de Bruxelles en Mouvements se pro-pose de donner quelques clés de lecture des enjeux liés à l’eau et d’aider les citoyens à intervenir à l’occasion de cette enquête publique. Il se propose également de donner à penser sur un terme plus long, pour qu’un jour, les rivières urbaines, quelles que soient leurs formes, objets autant poétiques que politiques, reprennent leur place perdue dans notre quotidien.