La Lettre d'IEB

The Dock ne doit pas bétonner l'îlot Shell !

• L’histoire dé-cadrante de la planification territoriale bruxelloise
• Quartier Midi : sortir du paradigme sécuritaire
• Non au tout numérique !

1992, c’est la date d’entrée en vigueur de la première législation bruxelloise en matière d’urbanisme : l’ordonnance organique de la planification et de l’urbanisme, en abrégé l’OPU. Jusqu’alors, la Région était régie par la loi du 29 mars 1962 organique de l’aménagement du territoire, adoptée dans le cadre de la structure unitaire de l’Etat belge. L’OPU sera remplacé en mai 2004 par le Code bruxellois de l’aménagement du territoire (CoBAT). Bref retour sur les fondations de notre cadre urbanistique et sur son évolution managériale, masquant l’incapacité de notre gouvernement à respecter et faire respecter son propre cadre.

Depuis près d’un an, la violence liée notamment au trafic de stupéfiants fait parler d’elle dans les territoires qui entourent la gare du Midi. La majorité des voix que nous entendons sur le sujet dans l’espace médiatique reste malheureusement enfermée dans le paradigme sécuritaire teinté d’urbanisme, à l’instar de ce que la Région distille comme parade depuis l’association historique, dans les années 1990, des contrats de sécurité et des contrats de quartier. On gère la sécurité en façade, on aménage les espaces publics, recettes imparables en période préélectorale, alors que des besoins fondamentaux ne sont pas pris en compte. Est-ce l’insécurité dans l’espace public qui croît ou bien la misère et celle des politiques publiques ?

Enquêtes publiques

IEB référence l’ensemble des enquêtes publiques des 19 communes bruxelloises, ainsi que des avis les concernant sur lafficherouge.ieb.be. Le site reprend les enquêtes en cours, et remonte jusqu’à 2003. Vous avez également la possibilité de recevoir, en vous créant un compte, chaque semaine par e-mail, les enquêtes publiques en cours, selon vos critères pré-établis.

L’îlot Bosch, un terrain vague de longue date en plein cœur de Cureghem, a déjà fait récemment l’objet d’un premier projet du promoteur Senne Invest, qui avait reçu un avis favorable en décembre 2023, pour la construction de 53 logements privés, un commerce et un petit bureau. C’est maintenant le deuxième projet immobilier constitué de 101 appartements aussi privés, un petit commerce, un grand commerce spécialisé et 50 emplacements de parkings, qui est l’enquête publique dans ce quartier déjà très dense. Aucun logements sociaux, aucune estimation du prix des logements, or le quartier dispose des revenus parmi les plus bas de la Région...

Après le siège SNCB, c’est aujourd’hui le siège d’Infrabel (le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire belge) qui arrive à l’enquête publique aux 40-50 rue de France à Saint-Gilles, là où se trouvent les anciens logements pour cheminots, vides depuis plusieurs années. La demande de permis vise à démolir ces logements pour y construire un immeuble de 6, 9 et 16 étages comprenant 31.374 m² de bureau et 6.276 m² d’équipements collectifs. Le projet est assorti de 174 places de parking couvertes réparties sur 2 niveaux de parking. Le tout accueillera le siège d’Infrabel et regroupera ses bureaux actuellement éparpillés sur plusieurs sites dans les environs immédiats de la gare du Midi, dont certains loués à la SNCB.

Etterbeek – Avenue d’Auderghem, 68 – 70 : Grits Studio entend réaffecter un bâtiment de 4000m² en intérieur d’îlot. Le promoteur veut y développer un concept venu des États-Unis : une salle de sport mélangeant activité physique et clubbing. Si le projet se réalise, des centaines de personnes pourront faire du sport sur le rythme d’une musique électronique amplifiée tous les jours de la semaine de 7h à 23h. Ce projet a très peu d’égard pour les riverains et les nuisances sonores qu’ils devront subir.

Move’Hub, le nouveau nom attribué à l’ancien projet Victor au quartier Midi, était passé à l’enquête publique fin de l’année 2023 (lire ici les avis des associations et leur communiqué de presse). Il repasse à l’enquête publique quelques mois plus tard avec quasi les mêmes superficies de bureaux, de commerces et d’équipements et le même nombre de places de parkings. Seul le nombre de logements passe de 90 à 79 (dont 65 logements Citydev). Des riverain·es se mobilisent pour demander un parc public dans ce quartier dense et minéral !

Revue du web

Avec le soutien d’autres associations telles qu’IEB, Lire et Écrire continue son combat pour le maintien des guichets et des contacts humains face à la numérisation croissante des services. Aujourd’hui, cette lutte est portée au niveau européen avec cette lettre ouverte d’acteurs académiques et associatifs « préoccupés par les conséquences d’un processus de numérisation non réfléchie des services essentiels et les problèmes d’accès que cette numérisation implique ».

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