Inter-Environnement Bruxelles
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Recensions

Écologie, énergies, nucléaire, politiques urbaines, révoltes urbaines, sociologie, territoires, démographie, bonnes adresses et revues.

Écologie

  • Peut-on établir un lien entre l’évolution du climat et le développement des civilisations humaines ? Dans Les civilisations à l’épreuve du climat (éd. Dunod), Vincent Boqueho analyse l’impact du climat sur l’histoire humaine.
  • Alain Lipietz, autrefois député Vert européen et candidat malheureux aux élections présidentielles françaises, plaide pour un « pacte écologique » en Europe. Avec Green Deal. La crise du libéral-productivisme et la réponse écologiste (éd. La Découverte), il tente de ramener la question écologique dans le débat politique et de démontrer que la crise actuelle n’est pas uniquement financière.
  • À la lumière de plus de 200 romans, films, bandes dessinées ou publicités, Les écofictions - Mythologies de la fin du monde, un essai de Christian Chelebourg (éd. Les impressions nouvelles), explore la représentation des catastrophes écologiques qui peuplent notre imaginaire et notre quotidien.

Énergies

  • En 1928, les patrons de Shell, d’Exxon et de BP tiennent une réunion secrète en Ecosse où ils s’arrogent le droit de se partager le marché du pétrole et de décider des prix. Très vite rejoints par d’autres compagnies (Chevron, Mobil, Texaco, Total), que l’histoire retiendra sous le nom des « Sept Sœurs », leur accord va secouer le monde jusqu’à nos jours... Avec L’inavouable histoire du pétrole - Le secret des 7 sœurs (éd. de la Martinière), Frédéric Tonolli retrace plus de 150 années de pétrole.
  • L’hydrogène, carburant de l’après-pétrole ? (éd. Technip). C’est la question que posent Edouard Freund et Paul Lucchese dans un ouvrage qui documente les arguments des tenants et des opposants de cette thèse, et s’intéresse notamment aux problèmes de sécurité que poserait un usage grand public de l’hydrogène « énergétique » dans le monde de l’après-pétrole.

Nucléaire

  • Un an après Fukushima, de nombreux auteurs tentent de révéler l’indicible de cette catastrophe sans précédent et de combattre l’amnésie. C’est l’ambition du livre d’Arkadi Filine, Oublier Fukushima (éd. du bout de la ville), qui réfute les mensonges des états nucléarisés destinés à banaliser « l’incident » du 11 mars 2011. En publiant son « Journal des jours tremblants » (éd. Verdier), Yoko Tawada, Japonaise vivant en Allemagne, dénonce elle aussi la manipulation des médias et la langue de bois des autorités nipponnes.
  • Deux ouvrages s’intéressent plus particulièrement aux conséquences environnementales et sociales de l’accident dans les régions proches de la centrale nucléaire. Fukushima. Dans la zone interdite (éd. Tristam) relate le « voyage à travers l’enfer » entrepris dans ce périmètre par le reporter William Tanner Vollmann au lendemain du séisme et du tsunami. Fukushima, récit d’un désastre (éd. Gallimard) de Michaël Ferrier engage une réflexion humaine sur la vie dans les zones contaminées : « la demi-vie », cette « entreprise de domestication comme on en a rarement vu depuis l’avènement de l’humanité » mais qu’une fraction des élites dirigeantes a réussi à imposer. Romanciers, poètes, essayistes et artistes ne sont pas en reste. Dans L’Archipel des séismes (éd. Philippe Picquier, coordonné par Corinne Quentin et Cécile Sakai), plusieurs d’entre eux livrent leurs témoignages, réactions à vif, méditations et visions d’après la catastrophe, l’ensemble permettant de mieux comprendre la société japonaise, ses craintes et ses espoirs. Après Fukushima (éd. Golias, coordonné par Seegan Mabesoone), fait un exercice similaire mais en compilant des haïkus, ces courts poèmes japonais, de différents auteurs. Tu n’as rien vu à Fukushima (éd. Buchet-Chastel) est une lettre personnelle écrite par Daniel de Roulet, ancien travailleur dans une centrale nucléaire, à une amie japonaise, en écho à « Hiroshima, mon amour »...

Politiques urbaines

  • L’urbain regroupe 80% de la population française et intéresse la quasi totaité de ses modes de vie, de pensée, de consommation. Guy Burgel constate pourtant que la ville n’est pas au cœur du débat public et des propositions politiques. Pour la ville (éd. Créaphis) explore les liens entre ce silence et notre urbanisme contemporain : une ville dévoreuse d’espace, source de pollution et de mal-être, créatrice et victime des atteintes environnementales, indissociablement liée au vertige productiviste et à la montée de l’exclusion et de la violence... Cet essai s’oppose à cette idéologie anti-urbaine et à cet aveuglement amnésique.
  • À quoi sert la rénovation urbaine ? (éd. PUF). Partant du « programme national de rénovation urbaine » de 2003, dont l’objectif affiché est de résoudre le problème des banlieues par une transformation de leurs structures spatiales pour y instaurer une mixité sociale, cet ouvrage collectif dirigé par Jacques Donzelot s’attache à montrer que, si les opérations de rénovation ont transformé le paysage physique des quartiers concernés, elles n’ont pas permis d’en transformer la composition sociale ou de les faire sortir de la relégation. Néanmoins, les auteurs nous invitent à moins nous attacher aux intentions proclamées des politiques urbaines plutôt qu’à ce qu’elles produisent réellement.

Révoltes urbaines

  • Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires en Europe (1968-2005) (éd. des Archives contemporaines) offre un panorama de travaux concernant les rébellions urbaines dans les quartiers défavorisés, principalement en France mais aussi au niveau européen. Son intérêt réside dans la confrontation de contributions venues de divers champs disciplinaires – histoire, science politique et sociologie – et dans l’étude croisée des engagements militants, des mobilisations collectives et du genre sur la période historique de 1968 à 2005 : des émeutes urbaines aux mobilisations collectives immigrées, en passant par la participation militante, politique et syndicale. Coordonné par Sophie Béroud, Boris Gobille, Abdellali Hajjat et Michelle Zancarini-Fournel.
  • Understanding Cairo. The Logic of a City Out of Control (éd. American University in Cairo Press) est paru juste avant le soulèvement populaire qui a mené au départ de Moubarak. David Sims, qui vit et travaille au Caire comme consultant en urbanisme, y souligne le rôle des politiques publiques dans la colère des habitants des quartiers informels, s’étendant ensuite à l’ensemble de la ville.
  • Bien avant l’apparition de mouvements comme Occupy ou les Indignés, les grandes villes sont devenues les lieux d’émergence de revendications de changement social et politique. Dans ces mêmes villes s’accumulent en même temps le capital financier et se jouent des luttes pour le contrôle des ressources urbaines. Dans Rebel Cities : From the Right to the City to the Urban Revolution (éd. Hardback, en anglais), David Harvey replace la ville au cœur de ces luttes, en sillonnant dans l’histoire récente et plus ancienne, de Paris à Londres en passant par Bombay, New York ou São Paulo.

Sociologie

  • Eric Le Breton publie Pour une critique de la ville (éd. Presses Universitaires de Rennes), consacré à la sociologie urbaine française des années 1950 aux années 1980. Des décennies marquées par une puissante révolution urbaine qui a redessiné brutalement la physionomie urbaine et le cadre de vie des Français. Parallèlement, de nouveaux systèmes de pensée ont redéfini les articulations entre science et politique, pensée et action, réalités locales et logiques globales. La sociologie urbaine critique est née de la combinaison de ces embrasements urbain et intellectuel.
  • Catherine Foret, géographe et sociologue, est l’auteur de nombreuses recherches et études sur la transformation des quartiers populaires, sur le rôle des espaces publics en ville et sur les dynamiques culturelles – en particulier les questions relatives aux mémoires et aux patrimoines urbains. Dans Mémoires et Territoires, repères pour l’action (éd. de la Contre allée), elle s’intéresse plus particulièrement à la question mémorielle et à son articulation avec les territoires.
  • Dans le métro, il n y a plus de première classe depuis longtemps. Dans la vie à l’air libre, c’est un peu différent... Le métro est l’un des derniers lieux du lien social, où les frontières et les séparations si solides en surfaces s’évanouissent momentanément. Le métro est un sport collectif (éd. Rue Fromentin) est le fruit d’une année d’observation et de chroniques effectuées en sous-sol par Bertrand Guilot.

Territoires

  • La tentation du bitume (éd. Rue de l’Echiquier) étudie le recul de la campagne française, la raréfaction des terres fertiles et le morcellement des espaces naturels face à l’étalement urbain, qui résulte de la crise du logement, du désir de propriété individuelle, du développement de zonings commerciaux et d’un espace modelé pour l’automobile. Eric Hamelin et Olivier Razemon brossent un tableau de la bataille inégale qui se livre entre la soif de bitume et les rares garde-fous susceptibles de contrer le phénomène.
  • Tout système politique peut être analysé au travers de son architecture. Le cauchemar pavillonnaire (éd. L’Echappée) cherche à comprendre celui dans lequel nous vivons. Jean-Luc Debry s’y intéresse au phénomène des zones spécialisées (industrielles, commerciales, résidentielles, vertes, de loisir...) qui se reproduisent partout à l’identique, faisant peu à peu disparaître la notion de « ville » et bientôt de « campagne ». Les zones pavillonnaires, qui envahissent les abords des villes et des villages, incarnent un idéal et un mode de vie fondés sur l’aliénation désirée, l’obsession de l’hygiène et de la sécurité, le culte de la marchandise et de la propriété privée.
  • Partout dans le monde, les terres sont menacées par l’accaparement des sols par les pays riches et les entreprises puissantes, la pression foncière, l’exploitation trop intensive et le poids des lobbies. Dans La fin des terres – Comment mangerons-nous demain ? (éd. Scrineo), André Aschieri et Maud Lelièvre s’attachent à démontrer qu’il est possible de nourrir la planète avec une agriculture raisonnée.

Démographie

  • À l’heure où l’ONU recense sept milliards d’habitants sur la planète et où même le PRAS bruxellois est réécrit au nom du « boom démographique », Hervé Le Bras pose des questions essentielles sur des notions comme celle de « population mondiale » ou de « démographie ». Peut-on prévoir l’évolution démographique à long terme ? À partir de quelles valeurs peut-on calculer la population maximale pouvant durablement vivre sur la planète ? Vie et mort de la population mondiale (éd. Le Pommier) nous rappelle aussi que la « population mondiale » a fait l’objet de pas moins de 45 évaluations entre 1650 et l’année 2000, variant de 4 à plus de 40 milliards...

Bonnes adresses

  • Le site internet d’Inter-Environnement Bruxelles propose la « Revue du web », une sélection d’articles mise à jours quotidiennement via de nombreuses sources : sites de comités de quartiers, d’associations spécialisées ou de médias de Bruxelles et d’ailleurs. Une autre manière de s’informer, qui vous fera naviguer sur le web et découvrir bien des sites. Les sites présentés ici font partie de nos sources régulières.
    www.ieb.be
  • Métropolitiques est une revue électronique internationale créée pour favoriser les débats et confronter les savoirs et les savoir-faire sur la ville, l’architecture et les territoires. Animée par des enseignants-chercheurs et des praticiens issus de la plupart des disciplines de l’urbain, elle favorise le croisement des savoirs et la confrontation entre des travaux académiques et des expériences de terrain liées au monde professionnel, politique ou associatif. Parmi les récentes publications en ligne, épinglons notamment un dossier sur l’habitat alternatif, une contribution sur la notion et l’usage politique du mot « métropole », ou encore une autre sur « Le logement social en Europe : la fin d’une époque ? »
    www.metropolitiques.eu
  • Coopérative intellectuelle, lieu de débat et atelier du savoir, La vie des idées veut être un réseau de compétences qui dépasse les frontières géographiques et croise les champs disciplinaires, tout en cherchant à rester accessible au plus grand nombre. La consultation du site et l’abonnement aux lettres d’information sont entièrement gratuits. Parmi les sujets récemment traités, une série d’articles autour de l’expression confuse de « ville durable » et des enjeux qu’elle recouvre.
    www.laviedesidees.fr
  • La Gazette de Bruxelles est née en août 2009 de l’initiative d’un groupe de collaborateurs bruxellois qui entendent retrouver l’esprit de la presse « locale ». Le site se veut un journal d’exploration du quotidien de la société bruxelloise sous ses multiples facettes et par les différents modes d’expression que permet la Toile. Parmi les posts récents, notons un article qui explore les relations entre mobilité et pouvoir à travers l’histoire de la Belgique.
    www.gazettebxl.interrenet.be

Revues

  • Kairos, terme grec signifiant « le moment opportun pour initier le changement », est le titre d’un nouveau bimestriel édité par Respire, association militant pour libérer l’espace public de la publicité commerciale. La seconde livraison de ce « journal antiproductiviste pour une société décente » est attendue pour juin.
    www.kairospresse.be
  • Silence, la plus ancienne revue écologiste généraliste éditée en France, fête ses 30 ans. Pour l’occasion, son numéro 400 est consacré à L’écologie en 600 dates et comprend les contributions de 62 auteurs, perpétuant une diversité d’opinions sous l’égide de l’écologie, des alternatives et de la non-violence.
    www.revuesilence.net
  • La revue nouvelle consacre, dans son édition de novembre 2011, un conséquent dossier aux Nanotechnologies. Au-delà des fantasmes. L’occasion de faire le point sur ces technologies qui font l’objet d’investissements considérables mais qui, restant mal connues, suscitent pourtant peu de mobilisation citoyenne. Interrogeant la notion « d’innovation responsable » et le « principe de précaution » qui lui est opposé, ce dossier pose la question de la gestion des innovations technologiques.
    www.revuenouvelle.be

Recensions compilées par Gwenaël Breës

Nature(s) en ville