Six associations demandent l’entièreté du site industriel de Citroën. Le rôle économique du canal reste à préserver.
BEM 39, octobre 2000
De Shanghai à Malaga et maintenant Bruxelles, le célèbre musée Pompidou s’exporte pour la quatrième fois de par le monde. L’ancien garage Citroën, racheté par la SAU en 2015 pour 20,5 millions d’euros, est un témoignage du passé industriel de Bruxelles. Constitué d’un Show Room vitré et d’immenses ateliers, plusieurs associations avaient milité au début du deuxième millénaire pour obtenir le classement d’ensemble de l’îlot. Si à l’époque la Région n’a pu rentabiliser le rachat par la construction de bureaux, elle
se félicite aujourd’hui d’avoir mis le verre et l’acier à profit du rayonnement international de la Capitale : une icône pour le tourisme, un cheval de Troie dans la zone du canal.
Une conférence de presse commune a réuni ce 18 septembre les Archives d’Architecture Moderne, l’Atelier de Recherche et l’Action Urbaines, La Fonderie, Pétitions-Patrimoine, Brusselse Raad voor het Leefmilieu et Inter-Environnement Bruxelles.
Rassemblement exceptionnel de ces six associations pour demander le classement de l’entièreté du site industriel de Citroën. Il s’agissait d’empêcher le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale de classer uniquement le showroom (salle d’exposition) situé à l’angle de la place de l’Yser et du quai de Willebroeck). Le showroom ne représente qu’une faible partie de l’îlot Citroën (16 500 m 2 au sol). Le classement de l’ensemble permettrait de protéger également les ateliers dont la valeur architecturale mais aussi le rôle économique dans la zone du canal reste à préserver. Pourquoi ? De nombreux investisseurs échafaudent des projets de reconstruction de bureaux. Jusqu’à présent, aux dires de Citroën, le bien n’est pas sur le marché pour être vendu et la firme n’a donné mandat à aucun investisseur pour présenter un projet en son nom auprès des pouvoirs publics. Il importe donc aujourd’hui d’encourager Citroën à garder sa succursale, son siège social et l’emploi localisé à Bruxelles et de continuer d’entretenir son bien qui est sain et viable économiquement. L’immense garage Citroën situé au bord du canal, au carre- four de nombreuses voies de communication, sert de signal urbain à la porte du Pentagone. Il est aussi le symbole de la zone industrielle établie en plein centre de la région. Il est un exemple de la mixité du centre de la ville.
Ce sont des atouts à préserver. Pour protéger la vocation industrielle et l’habitat dans la zone du canal, un PPAS devra fixer des règles pour limiter des implantations massives de bureaux pour ne pas répéter l’erreur de la Kredietbank sur l’autre berge du canal. Si Citroën quittait les lieux, le bâtiment présenterait des possibilités de réaffectation hors du commun. La structure industrielle construite de manière durable est reconvertible à toute une série d’activités en rapport avec la vocation du bâtiment. La rue centrale, sous verrière, permet une redistribution de l’espace, et par exemple, la création d’une petite ville couverte.
Par ailleurs, lors de la journée du Patrimoine, Pétitions-Patrimoine a récolté les 150 signatures nécessaires pour faire ouvrir par le gouvernement une procédure de classement de la totalité des établissements Citroën. Ces signatures ont été envoyées au gouvernement sous le parrainage du Bral.
La Commission Royale des Monuments et des Sites (CRMS) plaide aussi pour le classement intégral du site des établissements Citroën. La CRMS a bouclé au mois d’août un dossier de classement et a même rédigé l’arrêté de classement. Le gouvernement dispose donc de tous les éléments et arguments scientifiques pour apprécier la valeur du bien et procéder à ce classement. C’est pourquoi Inter-Environnement Bruxelles et les associations demandent avec insistance que le gouvernement décide le classement de l’ensemble, ce qui donnera une ligne de conduite claire pour l’affectation et l’avenir des lieux.
Enfin, rappelons que Eric André, Secrétaire d’État responsable des Monuments et des Sites a lui-même créé une cellule de Surveillance du Patrimoine, et que celle-ci a dressé une liste des monuments en péril sur laquelle figure le garage Citroën.
Les six associations ont déjà obtenu que le gouvernement reporte l’examen du dossier. Elles espèrent que le classement de l’ensemble des établissements Citroën soit rapidement à l’ordre du jour.
Voir le BEM 298 de janvier-février 2019 et son dossier « Canal », qui aborde largement les processus en cours dans la zone du Canal.