Le 9 février dernier, Immobel obtenait le permis d’urbanisme demandé pour le projet Lebeau, au Sablon. Critiqué par une partie des riverain·es et les associations pour son programme qui contient trop de bureaux, trop de parkings et aucun logement abordable, le projet implique en outre la démolition du bâtiment longeant les deux tiers de la rue Lebeau, inscrit à l’inventaire du patrimoine architectural de la Région en tant qu’« Ancien Hôtel Central Téléphonique ». Dans son avis sur le projet, la Commission Royale des Monuments et des Sites (CRMS) s’est elle aussi fermement opposée à la démolition de cet immeuble qui, outre sa valeur intrinsèque évidente (régularité de la courbe, pierres de travertin…), appartient à un ensemble cohérent », témoin de l’importance donnée au secteur de la communication dès la fin du XIXᵉ.
Informée du commencement imminent des travaux de démolition, IEB a introduit un recours en annulation du permis du 9 février 2024 auprès du Conseil d’État, accompagné d’une demande de suspension d’extrême urgence de l’exécution de ce permis. La procédure en suspension vise à empêcher la mise en œuvre du permis attaqué le temps que le Conseil d’État se prononce sur le recours en annulation. Pourtant fixée à très brève échéance, les travaux de démolition de l’immeuble Lebeau se sont intensifiés à la veille de l’audience de plaidoiries.
Le Conseil d’État n’a pu que constater les dégâts déjà occasionnés à cet immeuble et dès lors conclure que l’interruption des travaux ne permettrait pas de prévenir utilement le préjudice invoqué par IEB. Il a donc rejeté la demande de suspension. Concrètement, cela signifie que les travaux autorisés par le permis du 9 février peuvent se poursuivre.
Par ailleurs, tout en clamant, en audience, ne pas faire le forcing sur le chantier dans l’attente de l’arrêt (ce qui a permis au Conseil d’État de relativiser dans une certaine mesure l’urgence avec laquelle il devait rendre sa décision), Immobel a encore accéléré la démolition de l’immeuble Lebeau dans les heures qui ont suivi cette audience, détruisant un pan entier de la façade avant.
Un acte, certes légal, mais qui fait office de pied de nez aux riverains et au Conseil d’État et apporte une preuve de plus du comportement éthiquement inadmissible d’Immobel.