Ahmed Adrioueche
Habite Schaerbeek depuis le début des années septante. Il y a fait sa scolarité primaire et secondaire dans les écoles communales. « Le quartier est pour moi la véritable échelle de vie. Ce ne sont pas que des visages qui passent et des gens qu’on connaît, ce sont des sourires, des voisins, des commerçants qu’on fréquente et avec qui on a des bons rapports. Le quartier est aussi le lieu de vie de ma famille. Quand j’ai vu l’affiche qui annonçait la première réunion (CQ Helmet), j’y suis allé. J’étais agréablement surpris de voir le nombre de gens qui s’y intéressaient, des gens que je connaissais de vue et d’autres que je connaissais très bien. Je me suis dit qu’il y avait un intérêt certain pour la vie du quartier. C’était un échantillon assez fidèle de la diversité du quartier en terme social, générationnel et culturel. Il fallait s’engager à un certain nombre de réunions. J’ai voulu voir ce que l’expression « Contrat de quartier » signifiait. Il y a le mot quartier, puis le terme contrat, un accord, un arrangement, un engagement. Mais contrat entre qui et qui, et pour faire quoi ? Enfin, le terme durable. En tant que père, je ne peux que souscrire à tout ce qui est durabilité pour l’avenir de nos enfants. Les premières réunions donnent des informations sur le quartier, un diagnostic, on fait une radiographie du quartier : la proportion des propriétaires par rapport aux locataires, la pyramide des âges, on pouvait voir quel était l’état des logements, le taux de chômage, la scolarité. On était en train de cerner le quartier pour voir comment on pourrait répondre aux besoins. On parlait de créer des liens entre les gens, du mieux vivre ensemble, c’étaient des termes accrocheurs, chers au coeur de celui qui ne fait pas que passer par là. Puis on a commencé une phase plus technique qui consiste à voir les différents volets (actions immobilières, aspects économiques, aspects socio-culturels…), et on voyait que le nombre de participants à la Commission chutait au fur et à mesure. Il y a toute une série de questions que nous avons essayé de poser par la suite, lors d’une soirée consacrée à la participation et à l’organisation, aux liens institutionnels entre la Région bruxelloise et la commune (via son bras armé qu’est RenovaS). On a tenté de poser des questions de fond liées à la participation citoyenne. Quel est le poids réel d’une Commission de quartier ? S’agit-il simplement de se concerter, de proposer, alors que les décisions se prennent ailleurs ? Est-ce que la Commission de quartier est juste un faire-valoir ou un vrai lieu où un contrat citoyen est passé entre les habitants et ceux qui les représentent ? La question que je me pose après quatre ans d’implication, c’est que la commune a rénové (hors CQ) le quartier des Fleurs, à la limite d’Evere, les voiries, trottoirs, plaines de jeux etc., et pas un quartier comme celui d’Helmet, qui en a pourtant plus besoin ? Peut-être que les habitants du quartier des Fleurs votent différemment ? Ou peut-être qu’ils sont mieux organisés pour revendiquer l’amélioration de leur quartier ? Il y a eu des projets qui ont été soutenus par le CQ mais qui se sont tous arrêtés à la fin du Contrat. Ces actions, culturelles, artistiques… ne durent que le temps du CQ et ne servent qu’aux personnes qui les portent. Pour certains, c’est un gagne-pain. La seule chose durable dans le CQ reste le béton. »
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