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Palace, trou à rats ou tente Quechua… dans quel Luberon voulons-nous vivre ?

Le dernier rapport sur le mal-logement en France [1] dénombre plus de 4 millions de personnes mal logées. Le Luberon et les Basses-Alpes ne sont pas épargnés par les mécanismes de spéculation immobilière, l’inflation des loyers et l’airbnbisation des villages, conséquences du surtourisme et d’une gestion publique très mercantile. Loin de la « carte postale » des champs de lavande et d’oliviers, le GLLUB – Galère Logement LUBeron –, a décidé de passer à l’action. Pour le collectif né en 2022, habiter un territoire hospitalier, accueillant et solidaire, c’est aussi pouvoir choisir et accéder à un logement décent et abordable.

En octobre 2023, la visite de Droit à la ville Douarnenez, en tournée pour présenter son ouvrage Habiter une ville touristique – Vue sur mer pour les précaires [2], donne lieu à une première rencontre publique au café associatif « à dos d’éléphant » à Monjustin. Dans cette commune, le prix du mètre carré est tel que même certains conseillers municipaux n’ont d’autre choix que de dormir en caravane faute de logement disponible et abordable ! Plus tard, la CAAG – Coordination des actions anti-gentrification de Marseille – est aussi invitée pour participer à des ateliers, une session de cartographie des logements touristiques dans le Luberon, des discussions et des sessions d’écoute.

Depuis, le GLLUB œuvre à informer, fédérer et impulser des actions. Notamment via la publication d’articles qui permettront de mettre en lumière la réalité locale du Lubéron : 28 % des logements sont des résidences secondaires et 5 % sont des logements entiers accaparés par Airbnb, soit l’équivalent de 600 logements. En même temps, 185 familles sont en attente d’un logement social, rien qu’à Forcalquier. Sur cette même commune, il y a moins de dix ans, on ne dénombrait même pas dix appartements sur Airbnb. Aujourd’hui, ils sont plus d’une centaine. Fort de ces constats, le GLLUB rejoint le CNHP, Collectif National des Habitants Permanents [3], qui cherche à fédérer les groupes d’habitant·es des zones touristiques.

Au printemps 2024, suite à la parution de son livre Du taudis au Airbnb, petite histoire des luttes urbaines à Marseille [4], Victor Collet est à son tour invité à Forcalquier. Plus de 80 personnes sont présentes pour parler de l’histoire et de l’actualité de Marseille, de mal-logement et de comment les spéculateurs et marchands de sommeil rachètent et vident de leurs habitant·es les quartiers populaires. Cette rencontre permet aux différents collectifs de la région de se rencontrer, d’échanger et se coordonner localement et plus largement aussi.

La loi dite « anti-Airbnb » était censée enfin taxer et réguler les logements de la plateforme, mais suite à la dissolution de l’assemblé nationale et aux élections qui ont suivi, celle-ci risque de ne jamais voir le jour. En effet, le Rassemblement national, dont le nombre de députés a doublé, est un soutien politique majeur d’Airbnb et risque fort d’entraver tout effort d’encadrement. Mais il existe d’autres leviers. Entre dispositifs légaux trop souvent méconnus, actions de collages ou de captures de boites à clés comme on a pu le voir à Marseille… le GLLUB et les différents collectifs mobilisés sur ces questions sont bien déterminés à faire valoir ce droit qu’est le logement.


[1Publié annuellement par la fondation Abbé Pierre : https://www.fondation-abbe-pierre.fr

[2Droit à la ville Douarnenez, Habiter une ville touristique – Vue sur mer pour les précaires, éd. du Commun, 2023.