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PAD Josaphat : la durabilité sans les communs, une mixité pas très durable

Dernière grande propriété foncière de la Région, un nouveau quartier mixte de près de 4 400 nouveaux habitants pourrait y voir le jour d’ici 15 ans. L’aménagement de ce site présente plusieurs faiblesses, à commencer par son enclavement topographique. Ce qui en résulte est une accessibilité limitée sur des voiries déjà saturée et une communication difficile avec les quartiers voisins. Sur les presque 1 600 logements prévus, 55% seront des appartements privés et 45% de publics dont moins d’un quart sera social. IEB déplore qu’un projet aussi ambitieux, sur un site stratégique et intégralement propriété publique, soit élaboré à huis clos entre experts.

La mobilité vers et hors du site sont des problèmes relégués aux administrations et à la STIB : environ 1 500 parkings à prévoir sur le site, refaire des bandes de sorties en voirie, augmenter la desserte des transports publics et une gare RER réaménagée devraient suffire, dit-on.

L’enclavement lui, est saisi comme une aubaine, celle de pouvoir construire en hauteur, jusqu’à R+8, portant le nombre d’habitants à 313 à l’hectare, une densité record.

Sur les presque 1 600 logements, 55% seront des appartements privés et 45% de publics dont moins d’un quart sera social. Si bien qu’après 20 ans, 75% de l’ensemble sera privatisé, ne conservant de public que les logements sociaux locatifs (400) et l’espace vert central appelé parc Spoor.

Sur la dernière grande réserve foncière de la Région, passer de 45% de logement public à moins de 18% après 20 ans semble un effort bien modéré, et témoigne à nouveau de la volonté mitigée de la Région de remédier à l’importante demande de logements abordables (plus de 40 000 bénéficiaires en attente). La Région rate là une occasion de réaliser un nombre conséquent de logements sociaux sur un foncier entièrement public.

La participation tant vantée par la Région ne l’empêche pas de nier tout le travail propositionnel accompli par Commons Josaphat, lequel n’est jamais mentionné. Ceux-ci ont été écartés du processus d’élaboration. Leur approche et leur ambition avaient pourtant vocation à dédier ce terrain à de nouvelles pratiques des communs et apportaient une plus-value inespérée dans l’usage et les manières d’habiter ce futur quartier durable. IEB déplore qu’un projet aussi ambitieux, sur un site stratégique et intégralement propriété publique, soit élaboré à huis clos entre experts. Nous souhaiterions que, conformément à la philosophie des communs, les futurs résidents aient une marge de manœuvre et des espaces dédiés à expérimenter de nouvelles pratiques liées à l’économie circulaire et de la fonctionnalité. Ainsi, les espaces verts semblent non pas avoir été conçus pour répondre aux besoins des usagers, ou à l’appropriation par ceux-ci, mais comme un paysage minimum et fonctionnel pour donner au quartier son allure verdoyante et sécurisée.

La biodiversité perdue ne se remplace pas par de la verdurisation. La butte le long du chemin de fer ainsi que les toitures végétales présentent des opportunités pour y permettre une biodiversité spontanée, comme le Bral le recommandait dans son avis.

Enfin, étant donné la pénurie d’école à Bruxelles, et l’ambition de créer un quartier durable et vert, peut-être pionnier à Bruxelles, nous pensons que le site devrait accueillir plus d’une école, et de plus nombreuses places dans celles-ci, afin qu’un maximum d’élèves profitent de ce cadre inédit durant leur scolarité.
 

Vous pouvez prendre connaissance des remarques de l’ARAU, des remarques du Bral.
 
Vous trouverez les procès-verbaux des réunions d’information organisées par Perspective Brussels sur le PAD Josaphat ici : http://perspective.brussels.