Pour la quatrième fois, le Gouvernement bruxellois essaie de faire passer la pilule NEO. La Plateforme interrégionale pour une économie durable et le Comité Triangle Houba-Sobieski-Heysel refusent de se laisser enfumer par la nouvelle stratégie. L’ensemble des critiques formulées de concert par les instances d’avis régionales et la Plateforme restent valables, qu’il s’agisse de l’obsolescence du projet, du cannibalisme commercial ou de l’asphyxie des voiries. La nouvelle proposition cherche juste à repousser à une phase ultérieure l’analyse des solutions qui en réalité sont des chimères.
Malgré plus de dix ans de critiques généralisées, le Gouvernement a sorti une nouvelle proposition de son chapeau pour cette quatrième tentative de modification du Plan Régional d’Affectation du Sol (PRAS). Cette dernière, actuellement à l’enquête publique, n’est « plus conçue comme le fondement légal suffisant à l’implantation et à l’autorisation » de NEO. Elle ne sert plus qu’à « faire évoluer le périmètre considéré vers un quartier mixte assurant le rôle international de Bruxelles ». De cette manière, le Gouvernement repousse à plus tard l’étude des scénarios de mobilité qui sont le clou du cercueil du projet dès son origine.
On apprécie le courage de la Région qui ainsi se dédouane de la responsabilité du projet et le fait reposer sur la réalisation ultérieure d’un Plan Particulier d’Affectation du Sol (PPAS), un outil qui relève de la compétence communale.
On le sait, le centre commercial, pièce maîtresse du projet NEO, augmentera significativement, par la force des choses, la congestion dans les quartiers avoisinants. On annonce une augmentation de la congestion de 50 %. La Région n’est jamais parvenue à développer un scénario de mobilité juridiquement fiable, défaillance justifiant par trois fois l’annulation des tentatives de modification précédentes. La délivrance par l’administration flamande du permis d’urbanisme pour une voie de liaison souterraine reliant le Ring de Bruxelles et le plateau du Heysel change peu de choses à l’affaire.
En pleine crise climatique, sociale et économique, le Gouvernement régional bruxellois est occupé à créer la base légale d’un projet presque uniquement orienté pour la circulation automobile. Nécessitant le réaménagement de plusieurs voiries censées desservir les quartiers, leurs habitants et les Palais des expositions pour les réaffecter à une circulation automobile de transit importante. Il est donc en train de saboter son propre plan de mobilité.
L’absence d’articulation avec les autres outils de planification régionaux ne se limite pas qu’à la mobilité. La révision générale du PRAS en cours est censée le mettre en phase avec les évolutions de la Région. Dans ce cadre, toutes les instances martèlent l’impératif de renforcer et développer l’offre commerciale de proximité. Sur le terrain, on constate tout le contraire : ouverture de Docks Bruxsel au Pont Van Praet qui a déjà fragilisé la chalandise du centre-ville et poursuite de deux gros projets, Broeklin (ancien Uplace) à Machelen et bientôt NEO au Heysel. Un maillage commercial contre-productif selon le Rapport sur les Incidences Environnementale (RIE) : « Certains segments en tireront profit, d’autres en pâtiront ».[2]
L’arrêté mis à l’enquête tente de rassurer et évoque qu’une vacance inférieure à 10% est un signe de bonne vitalité commerciale et le seuil critique serait à 20%. UNIZO, membre de la Plateforme, fournit une interprétation divergente et estime qu’une économie est saine pour un taux d’inoccupation inférieur à 6%. 20% est un seuil désastreux pour l’économie locale.
Rappelons enfin que la modification partielle du PRAS a été mise à l’enquête publique avant que l’arrêté destiné à fixer les nouvelles périodes de vacances d’été ait été publié au Moniteur belge et a démarré dans l’illégalité. L’arrêté fait en outre le choix de s’aligner sur les vacances francophones qui démarrent une semaine plus tard que celles des néerlandophones. Un choix moins contraignant pour l’administration mais aussi moins démocratique pour les habitants !
La Plateforme et le comité Triangle Houba-Sobieski-Heysel réitèrent leurs demandes :