Rappelez-vous, juste avant la pause de Noël, un gros projet immobilier du nom de Move’Hub passait en commission de concertation sur les territoires des communes de Saint-Gilles et d’Anderlecht. Il s’agit d’un projet massif à proximité de la gare du Midi portant sur 54.500 m² de superficie dont 2/3 de bureaux, nichés pour partie dans une tour de 77 m de haut, 64 logements acquisitifs Citydev, 26 logements privés dont 2 co-living, un espace vert privatif et pas un seul logement social ! Rien de très original mais surtout rien de très social...
Dans la saga de plus de 10 ans qui a présidé à l’actuel projet, de nombreux aller-retours ont eu lieu entre les administrations et les promoteurs Atenor et BPI jusqu’à un accord trouvé en 2021 sur un scénario privilégiant un programme sans tour. Le programme initial de 2011 faisait 100.000 m² et comptait trois dont une de 150 m de haut, la taille de la tour du Midi.
Par ailleurs, le projet est censé être cadré aujourd’hui par des balises gouvernementales adoptées suite à la mise au frigo du PAD Midi, lesquelles exigent que le projet soit conforme au Règlement Régional d’Urbanisme (RRU), qu’il ne contienne pas de tours/immeubles plus hauts que les hauteurs du quartier et qu’un objectif de 25 % de logements sociaux et assimilés soit atteint. Ces divers éléments sont d’ailleurs repris dans l’avis de la commission de concertation rendu fin décembre. Au vu de tout ceci, on pouvait légitimement s’attendre à un avis négatif de la part de la commission de concertation pour non respect flagrant des balises dont le gouvernement s’est lui-même doté il y a à peine quelques mois (mars 2023).
Or la commission a rendu un avis unanime favorable assorti de quelques conditions relativement cosmétiques au vu de l’ampleur du projet. Rien n’exigeant du logement social (alors que le quartier n’en dispose que de 4%), de rendre le parc public (alors que le site se trouve clairement dans une zone identifiée par Bruxelles Environnement comme étant en carence en espaces verts accessibles au public) ou de réduire les gabarits pour assurer la conformité au RRU (alors que le quartier avec ses 20.400 hab/km², est déjà près de trois fois plus dense que la moyenne régionale de 7.500 hab/km²). Seule la commune de Saint-Gilles a demandé d’intégrer du logement social au projet et de réduire sérieusement le gabarit de la tour.
En réalité, ce qui a présidé à l’avis favorable de la commission de concertation c’est la recherche de « l’équilibre financier » du projet au profit des promoteurs. Ces derniers disent avoir besoin de minimum 38.000 m² de bureaux pour que le projet soit rentable, un calcul de rentabilité à démontrer. Le comité d’accompagnement de l’étude d’incidences regrettait que les contraintes financières avancées par le demandeur aient fortement orienté le développement des alternatives par le chargé d’étude. Autrement dit, l’étude d’incidences a été orientée pour assurer « l’équilibre financier » du projet, peu importe que ce dernier ne respecte pas les balises gouvernementales et que les choix de rentabilité se fassent au détriment de carences objectivées en termes d’offre en espaces verts publics et de logements sociaux !
C’est pourquoi, le collectif des habitant·es Midi Moins Une !, IEB, le BRAL, le CRU et l’ULAC réitèrent leurs demandes :