À peine installé, le gouvernement wallon a fait marche arrière : il n’y aura pas d’extension du tram de Liège, ni vers Herstal, ni vers Seraing. En cause, une explosion des coûts due à un partenariat public-privé (mal) négocié par un gouvernement où figurait déjà pourtant le MR et Les Engagés. Les dessertes initialement prévues seront remplacées par des bus pour un total de 264 millions d’euros au lieu des 355 millions annoncés. En comptant les indemnités à payer au consortium et aux entrepreneurs, l’économie ne pourrait pourtant pas dépasser 20 %...
À Bruxelles, les mêmes partis continuent cependant d’être de fervents partisans de la réalisation du métro 3, voire d’une extension supplémentaire vers le sud (Uccle) [1], et ce alors même que les coûts estimés sont passés d’1,8 milliard d’euros en 2017 à 4,7 milliards en 2024. Si le gouvernement wallon débranche la prise devant un coût jugé excessif de 56 millions d’euros au km [2], comment le gouvernement bruxellois pourra-t-il justifier la poursuite d’un projet qui, pour une distance similaire (un peu plus de 5 km), coûtera 940 millions du km, soit 16 fois plus qu’à Liège ?
D’autant qu’à Liège, ce revirement demandera de payer de considérables indemnités de ruptures aux entreprises concernées, à arrêter des chantiers en cours et à relancer des procédures de permis pour des projets alternatifs. Ce qui n’est pas tout à fait le cas à Bruxelles : l’extension nord n’a pas encore fait l’objet, à notre connaissance, de contrats signés avec les entrepreneurs. Les seuls chantiers débutés ne concernent pas l’extension nord et sont à l’arrêt depuis des années tandis que le permis nécessaire n’a toujours pas été délivré.
Cerise sur l’onéreux gâteau, la piste de financement repose sur… un partenariat public-privé ! Soit exactement le même montage financier responsable de l’explosion des coûts à Liège. Avec 2,4 milliards de dettes projetées à politique inchangée, le futur gouvernement bruxellois s’obstinera-t-il dans la réalisation du métro 3 ou reviendra-t-il enfin à la raison au profit d’alternatives moins coûteuses, plus rapides à mettre en œuvre et susceptibles de desservir un plus grand nombre de Bruxellois.es ? Ces alternatives existent, dont le Prémétro+, une proposition portée par plus d’une vingtaine d’associations.
[1] Quant au PS, il plaide pour une extension vers l’aéroport de Zaventem. Une manière de convaincre le gouvernement fédéral de mettre la main au portefeuille ?