Paru pour la première fois en 2007 chez HB éditions, la réédition de cet ouvrage aux éditions Les Prairies Ordinaires nous donne l’occasion de vous présenter cet essai à l’usage des groupes et autres associations.
Quelle association n’a pas connu des difficultés récurrentes face à la question du pouvoir (conflit de pouvoir, psychologisation...) ? Pour David Vercauteren, ces difficultés ne sont pas un mal nécessaire et inéluctable mais davantage une conséquence de notre incapacité à transformer ces difficultés en culture. Comment se fait-il en effet que la récurrence de ces difficultés n’engendre la plupart du temps aucune mémoire collective ni aucun apprentissage. Pour l’auteur, cela tient au manque d’attention portée par les groupes à leurs pratiques de groupe. La plupart des groupes se focalisent en effet davantage sur les objectifs à atteindre, les programmes à tracer, les agendas à remplir mais ne portent que peu d’attention à l’écologie de leurs pratiques collectives, à leurs propres manières de faire et de s’envisager. Or c’est justement ces pratiques collectives qui font en grande partie nos réussites et nos échecs. Pour l’auteur, on n’est pas groupe, on le devient et la possibilité de ce devenir est à construire. Pour y arriver, nous avons besoin de cette mémoire, de cette culture des précédents pour ne pas répéter sans cesse les mêmes erreurs et renouveler nos usages, savoirs et pratiques. Cet ouvrage nous invite à cultiver davantage la micropolitique de nos groupes, à accorder plus d’attention aux mouvements, aux singularités, aux affections et aux forces de nos groupes comme autant de signes des rapports qui les traversent.
Pour y parvenir, la première chose à faire serait, pour ne plus les commettre, de recenser les erreurs commises par la plupart des groupes. David Vercauteren en identifie un certain nombre : la psychologisation, l’idéologisation du conflit, la naturalisation de la hiérarchie, la substantalisation du pouvoir... Il nous propose « d’apprendre sur les mille et une manières de cultiver et de protéger nos groupes. Notre richesse n’est pas seulement dans les « outils » que nous avons réussi à stabiliser (bâtiment, journaux, subventions...), dans les connaissances apprises lors de nos activités et/ou dans nos éventuelles victoires partielles sur tel ou tel champ, mais aussi dans une culture de soi qui s’y crée, dans les techniques qui s’y inventent et dans les savoirs qui s’y élaborent et s’y transmettent. » (p.200).
Loin de se limiter au recensement des erreurs, cet ouvrage se veut avant tout une invitation à renouveler nos usages et nos pratiques. Pour ce faire, il retrace plusieurs expériences collectives qui ont entrepris cette reconquête de leurs savoirs en créant de nouvelles pratiques, en inventant des « artifices » pour amener le groupe à modifier ses habitudes. Pas de recette magique mais une série d’artifices anti-hiérarchiques qui aideront à n’en pas douter les groupes à se débarrasser de leurs passions tristes !
Micropolitique des groupes, Pour une écologie des pratiques collectives, de David Vercauteren, écrit en collaboration avec Thierry Müller et Olivier Crabbé, Editions Les Prairies Ordinaires, 2011.
Pour aller plus loin