Face à la technicité mais surtout à l’énormité du dossier de demande de permis du métro 3, demander aux habitants et aux associations de remettre un avis dans un délai de 30 jours est mission impossible. L’ARAU et IEB demandent de prolonger l’enquête publique jusqu’en septembre : l’occasion, pour la Région, d’enfin organiser la large participation qui n’a jamais eu lieu.
L’enquête publique sur la demande de permis pour la partie nord du projet de métro 3 est en cours depuis le 7 mars et se termine le 5 avril : habitant.es et associations sont amenées à se prononcer sur le projet de construction d’un tunnel, de sept stations et d’un dépôt. Il s’agit donc, en seulement 30 jours, de lire et d’analyser les documents soumis à la consultation du public et de formuler un avis.
Ce travail est tout simplement impossible dans ce délai étant donné la technicité mais surtout l’énormité du dossier : des milliers de pages à lire, dont 6.267 pages rien que pour l’étude d’incidences (!) et plus de 300 plans à examiner ; pour donner un autre ordre de grandeur, la version électronique du dossier « pèse » plus de 7 gigas et comporte 435 fichiers (dont bon nombre sont constitués de plusieurs centaines de pages de texte !).
Dans de telles conditions matérielles, parler de « participation citoyenne » relève de l’imposture. La mission des associations, en tant que corps intermédiaire indispensables à la compréhension et à la diffusion du dossier à l’enquête publique, consiste à réaliser une analyse critique et à la mettre à disposition des habitants dans le délai de l’enquête publique : un exercice déjà compliqué pour les projets « normaux ». Face au gigantisme du dossier du métro 3 et au délai de seulement 30 jours, cette tâche ne pourra pas être réalisée. Pour ceux et celles qui n’ont que leur temps de loisirs à consacrer, c’est bien pire encore, d’autant plus qu’ils ne pourront pas bénéficier du travail de synthèse et de vulgarisation réalisé par les associations.
Face à ce constat, nous demandons que le délai d’enquête publique dans lequel les habitants et les associations ont le droit de remettre leurs avis soit significativement prolongé, jusqu’au mois de septembre. À titre de comparaison, le projet de Plan Régional de Mobilité « Good Move » avait été soumis à l’enquête publique pendant 4 mois, pour « seulement » 939 pages. Le projet de PAD Midi avait lui aussi fait l’objet d’une enquête publique prolongée (4 mois au lieu des 2 mois réglementaires), pour « seulement » 1.889 pages. Il serait incompréhensible et inadmissible que le dossier du projet de métro 3, bien plus volumineux et bien plus technique que ces deux exemples, ne bénéficie pas d’un traitement comparable. Repousser la fin de l’enquête publique au mois de septembre nous semble donc constituer une demande parfaitement légitime.
Pour appuyer cette demande (si besoin est), il faut rappeler que le projet de métro 3 n’a jamais fait l’objet d’un quelconque processus de participation en-dehors des enquêtes publiques légalement obligatoires (limitées à un seul petit « tronçon » à la fois : Albert, Constitution, gare du Nord…). Le gouvernement régional s’est pourtant engagé, à travers son accord de majorité, à organiser une concertation et une participation bien plus large, et en amont, pour les projets comme le métro [1]. La prolongation du délai d’enquête publique que nous demandons devra donc non seulement permettre de réaliser correctement l’analyse « technique » du dossier mais aussi, et bien plus fondamentalement, permettre l’organisation de cette concertation et de cette participation. Celles-ci devront porter sur l’opportunité même du métro 3 qu’il apparaît de plus en plus pertinent de questionner vu les difficultés financières et les changements en matière de mobilité (télétravail, essor du vélo…) qui se profilent.
[1] « Dans la plupart des compétences, pour l’adoption de grands projets d’aménagement ou de mobilité et au-delà des règles de concertation obligatoire, le Gouvernement privilégiera une concertation et une participation en amont de la population concernée et des parties prenantes. » Voir : Question écrite concernant la prise en compte de la participation citoyenne exprimée en commission de concertation.