Inter-Environnement Bruxelles
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Métro 3 : un sondage bidon sur toute la ligne

Station de métro Clémenceau © Ingolf - 2014

On le sait, le métro 3 est avant tout une histoire de chiffres et de nombres. Celui qui circule dans la presse depuis quelques jours est de 72 (en pour cent), soit le nombre de bruxellois qui seraient favorables à la création de la ligne de métro nord. Une information qui constituerait la preuve irréfutable que les détracteurs du projet ne représentent aucunement la population bruxelloise. Mais s’agit-il réellement d’une information ou bien d’une publicité déguisée ?

Suite à la multiplication des voix discordantes ces derniers mois, en marge de la commission de concertation liée au projet, la STIB a commandé une enquête à la société Indiville. En réalité, il s’agit plutôt d’une actualisation d’une enquête déjà effectuée en 2020 qui évaluait le nombre de Bruxellois favorables au projet à 75 %, soit 3 % de plus qu’aujourd’hui. Mais qu’importe les chiffres, c’est la manière dont ceux-ci sont obtenus qui pose question.

Le précédent sondage nous donnait au moins quelques informations sur les profils interrogés. Ainsi, on pouvait noter que la voiture représentait le principal moyen de locomotion des sondés (à hauteur de 46%) tandis que seuls 30 % des répondants habitaient dans les communes concernées par le projet (dont une partie ne semblait même pas habiter la capitale). Des informations qui ne sont pas détaillées cette fois-ci. Reste que si le nombre de sondés du nouveau questionnaire est quelque peu inférieur à celui de 2020 (1200 contre 1023 personnes), ce petit échantillon est sans aucun doute biaisé à différents niveaux.

D’abord, car les sondés le sont exclusivement sur internet sans toutes les précautions d’usage qui implique d’avoir un échantillon qui représente réellement la population générale (en termes d’âge, de genre, de statut professionnel, de revenu …), ce qui fait que l’on ne peut pas valablement qualifier ce questionnaire de sondage. Ensuite, car il a été commandé par la STIB et accompagné d’une communication vantant les mérites du projet, principalement sa vitesse, sans informer les répondants des nombreuses conséquences négatives du métro 3 (coût, durée des chantiers, bilan carbone catastrophique, absence de baisse du trafic automobile, déstructuration des quartiers à cause des chantiers...). Or, il n’y a aucun sens à demander aux gens s’ils préfèrent le tram ou le métro ou bien s’ils sont pour ou contre le métro. Ces questions binaires ne permettent d’introduire ni réflexion ni complexité. Alors que la STIB parle « d’analyse de terrain », ce que les associations ont pu observer dans les quartiers, c’est que la majorité des gens, une fois informés de toutes les données du problème, comprennent que ce projet de métro ci, dans le contexte actuel, est problématique…

Malgré plusieurs demandes à l’Institut Indiville et à la STIB de disposer de la liste des questions posées par ce questionnaire, celles-ci n’ont pas été rendues publiques. Au final, on ne connaîtra donc ni la méthodologie de cette enquête en ligne ni les profils constituant l’échantillon ni les questions posées. Ce qui n’aura pas empêché que soit relayée, sans la moindre lecture critique, dans tous les principaux médias comme au Parlement, l’idée que la majorité de la population est en faveur du projet. C’est ce qu’on appelle une propagande bien huilée. La communication, qui s’accompagne de vidéos qui disqualifient l’usage du tram (« englué dans la circulation automobile »), est aussi résumée à travers un visuel qui vante le métro 3 comme moyen de rendre les déplacements plus rapides, une affirmation illustrée par… deux voitures polluantes ! Une image vaut mieux, en effet, qu’un long discours…

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