Nous nous penchons dans ce dossier sur une partie de la population bruxelloise qu’on appelle « les sans-papiers ». D’abord parce que cette présence fort remarquée fait partie de la réalité bruxelloise, ensuite, parce qu’elle nous interpelle à plusieurs niveaux puisque cela touche à plusieurs aspects de la ville qui font partie du champ de travail d’Inter-Environnement Bruxelles : le tissu social et le tissu urbain.
Les récits des migrants et leurs histoires de vie sont tous très différents et les parcours ne se ressemblent pas. Nous avons choisi de ne pas demander pourquoi les sans-papiers viennent à Bruxelles. C’est la question que ne cessent
de leur poser les autorités chargées de faire le tri entre les « légitimes » et les autres,
ceux qui n’auront pas le droit de séjourner ici. Les sans-papiers ont tous de bonnes
raisons de venir, mais nous n’en parlerons pas, faire le tri n’est pas notre objectif,
engendrer la pitié non plus. Il existe peu d’études sur le mode de
vie des sans-papiers en ville. Pour réaliser ce dossier, nous nous sommes adressés
à divers acteurs : sans-papiers, juristes, membres d’associations militantes, etc.
Rappelons-nous l’actualité. Ces derniers mois le CPAS de Bruxelles-Ville ne peut
plus gérer l’afflux de demandeurs d’asile qui s’adressent à lui à cause des carences
de l’administration fédérale Fedasil. N’obtenant pas gain de cause sur le plan
politique, le CPAS de Bruxelles place le débat sur le terrain juridique. Il assigne, devant le tribunal des référés, les six ministères compétents en la matière. Notons aussi que le réseau associatif bruxellois qui travaille directement sur les questions des sans-papiers est très large et occupe tout le terrain bruxellois. Il offre une aide à différents niveaux aux personnes concernées et s’implique ou organise des mobilisations et interpellations du monde politique (lobbying). Rendre compte de l’inventivité et de l’intelligence des solutions imaginées par les acteurs de terrain risquerait de mettre à mal ces solutions en attirant le regard sur elles. C’est pourquoi nous n’évoquerons que quelques aspects
significatifs de la vie des sans-papiers. Enfin, dans ce dossier, nous nous intéresserons également à la mobilisation citoyenne, qu’elle provienne des sans-papiers eux-mêmes ou de groupes de soutien.