Inter-Environnement Bruxelles
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Le retour de Gesù !

Ce vendredi 24 juin se tiendra à la maison communale de Saint-Josse une énième commission de concertation pour statuer sur une énième demande de permis d’urbanisme concernant l’ancien couvent du Gesù.

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Depuis 2004, ce site aiguise l’imagination et l’intérêt de la promotion immobilière. À la faveur de l’évolution du marché, le projet a été revu plusieurs fois. En juin 2009, un premier permis est délivré, mais annulé par le Conseil d’État qui donne raison au recours porté par l’ARAU et IEB qui demandaient le maintien de logements sur le site. Un deuxième permis est délivré en 2015 : l’ARAU et IEB introduisent un nouveau recours au motif d’un nombre de logements abordables insuffisant. Quatre ans plus tard, en février 2019, la Région retire ce permis et en délivre un troisième, qui impose la création d’un plus grand nombre de logements abordables.

Mais la saga ne s’arrête pas là : en 2021, une nouvelle enquête publique est organisée dans le cadre de la modification de ce permis de 2019. Principal changement : la diminution importante du nombre de mètres carrés de l’hôtel au profit de logements en « coliving » (79 unités). Le dernier projet en date, qui ne concerne plus qu’une partie du périmètre initial (l’église et d’autres immeubles n’en font plus partie), apporte encore quelques changements puisqu’il propose maintenant 91 unités de « coliving ».
Pour rappel, le coliving est une forme de colocation haut de gamme qui a depuis quelques années le vent en poupe mais qui pose une série de questions, en particulier celle de la concurrence avec les logements « classiques », avec un effet sur la hausse des prix de l’immobilier [1]. En outre, la typologie de ces 91 logements du projet sur le site du Gesù (grand nombre de petits logements) situés, qui plus est, juste au-dessus d’un hôtel (avec un accès commun !), présente un risque de dérive vers des apparts-hôtel ou des hébergements touristiques du type Airbnb.
Ces opérations immobilières se développe au détriment du droit au logement des Bruxellois.es, qui a pourtant été l’enjeu central des réclamations et recours des associations. En outre, le projet sur la table consiste en une énorme démolition-reconstruction, alors que la Région affirme que ce type d’opération devrait constituer une exception [2]

Tout ce temps et ce travail (pour les associations, l’administration, le demandeur, le Conseil d’État...) auraient pu être « épargnés » si les différents intervenants avaient entendu les demandes des associations, à savoir la création de « vrais » logements, dont une part significative de logements abordables. La Région s’est dotée il y a peu d’un Plan d’Urgence Logement : pour garantir l’atteinte de ses objectifs, la Région doit saisir chaque occasion permettant d’accroître l’offre de logements abordables, en particulier de logements sociaux. Il est de la responsabilité politique de nos élus de réguler et de cadrer et pas de valider la spéculation immobilière.