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Le nucléaire, c’est par où la sortie ?

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Le 9 décembre dernier, le cInEcluB d’IEB consacré à la sortie du nucléaire eut le privilège amer d’être la dernière séance avant fermeture du cinéma Arenberg (lire www.ieb.be/Multiplex-lies-video-games).

La projection du film « Chernobyl 4 Ever » fut suivie d’un débat en compagnie du réalisateur Alain de Halleux, de Paul Lannoye (député européen honoraire et administrateur du GRAPPE – Groupe de Réflexion et d’Action Pour une Politique Ecologique), de Marielle Rogie, directrice du Forum Nucléaire, et de Marc Deprez, du SPF Énergie.

Le débat fut tout à la fois déprimant et drôle, sentiments contradictoires s’il en est, mais finalement bien à l’image des contradictions qui nous traversent, nous qui sommes tous consommateurs d’électricité et pourtant majoritairement, comme le confirment les derniers sondages, pour une sortie résolue du nucléaire. Mais nos contradictions ne sont rien devant celles des producteurs d’électricité, ici représentés par la directrice du Forum Nucléaire, une asbl qui regroupe la plupart des sociétés actives en Belgique dans le domaine du nucléaire.

On y a notamment entendu que « les déchets sont un problème » mais que celui-ci « est bien géré ».

Une profession de foi amusante quand on sait qu’aucune solution de gestion à long terme des déchets n’a encore été décidée au terme de près de 30 ans d’exploitation...

On y a évidemment largement discuté du « problème des capacités de remplacement » qui sont principalement le produit combiné d’un gel volontaire des investissements de la part des propriétaires des centrales nucléaires belges depuis 2003, date de l’entrée en vigueur de la loi de sortie, et de la timidité de l’État à investir massivement dans les économies d’énergie et la transition vers une économie largement moins dépendante des énergies fossiles.

Mais ces considérations ne sont rien devant la question qui était posée à l’ensemble des intervenants : « le nucléaire, c’est pas où la sortie ? »

Une question qu’illustre bien la métaphore proposée par Alain de Halleux.

Imaginez que vous fassiez la fête chez vous avec vos amis, on danse, on mange, on boit, les cendriers se remplissent, les vidanges s’accumulent... Vers minuit, on se demande une première fois si l’on s’arrête mais non, on s’amuse trop, et puis, on a pas très envie de ranger. A 3 heures du matin, la question se repose. Entre-temps, il y a encore plus de cendriers pleins et de vidanges, c’est vraiment le bordel, on a encore moins le courage de tout ranger et donc on continue à faire la fête. Il est maintenant 6 heures et à 7 heures, les enfants se réveillent... Les cendriers sont pleins, les vidanges jonchent le sol et personne ne veut prendre la responsabilité de nettoyer, tout comme les déchets nucléaires qui se retrouvent enfouis à La Hague, et qui pollueront pour des millions d’années les sols. Quand les enfants se réveilleront... ils ne seront pas à la fête, c’est certain !

Entre le moment où l’on a décidé de construire des centrales et aujourd’hui, le contexte a considérablement changé. Dans les années 70, les marchés nationaux de production d’électricité étaient protégés, ce qui permettait à l’opérateur privé historique Electrabel d’envisager des investissements sur un temps d’amortissement très long, ce qui a permis de construire les centrales nucléaires belges. En fait, on pouvait faire la fête, à l’aise...

Aujourd’hui, Electrabel a été avalé par un groupe français, GDF-Suez, qui agit dans un marché totalement libéré dont la logique de maximalisation des profits à court terme est incompatible avec les investissements nécessaires pour assurer un approvisionnement énergétique adéquat. Pire, il est apparu dans le débat que les sommes provisionnées par Electrabel pour assurer le démantèlement des centrales sont largement insuffisantes (de l’ordre de 5% de la valeur de construction des centrales quand on sait qu’un démantèlement coute de 100 à 150% de cette même valeur), une situation qui pose une question totalement irrésolue de plus : le démantèlement des centrales nucléaires belges menace l’existence même de leurs propriétaires, virtuellement en faillite dès lors que le démantèlement commencera...

En d’autres termes, au petit matin, à part nos enfants, il n’y a plus personne pour nettoyer les crasses...

Une conclusion qui devrait peut-être nous amener à réclamer d’urgence la confiscation de tous les avoirs de GDF-Suez (y compris ses capitaux) avant d’avoir à socialiser ses pertes ?