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Le métro 3 débarque au centre-ville

Suite à l’offensive médiatique et politique de ces derniers jours en vue de défendre le projet de métro 3, la Commission de concertation a finalement remis un avis positif sous conditions (lire l’avis) pour la station de métro « Toots Thielemans », située sous l’avenue de Stalingrad et maillon essentiel pour mettre en œuvre la ligne de métro 3 qui devrait relier Albert à Bordet.

Le nombre de projets de lignes de tram qui prenaient la poussière dans les cartons de la Région et qui se sont soudainement retrouvées en chantier ces derniers jours (ligne Tour et Taxis, prolongation du tram 7,…), permettant au passage de démentir la position « tout au métro » qui prévalait jusqu’alors, ont sans doute permis d’adoucir les oppositions communales au projet de la STIB et de la Région. Plus localement, en ce qui concerne les habitants et les commerçants, leurs voix et réclamations semblent par contre s’être perdues dans le vent de la mini tempête médiatique.

Pourtant, ils étaient présents en nombre avec les associations, le 19 décembre dernier pour dénoncer, quatre heures et demie durant, les nombreuses lacunes dans l’étude du projet et ses effets dévastateurs non seulement pour le quartier concerné mais également pour la mobilité régionale et les finances publiques. Les porteurs du projet ont annoncé par voie de presse l’intention de démarrer les travaux le plus vite possible dès l’obtention du permis, laissant craindre l’apparition de tranchées (couvertes) aux abords de l’allée Rosa Luxemburg avant les élections régionales. Des réclamations sur l’étude d’alternatives de surface, sur la préservation du patrimoine urbanistique et naturel de l’avenue de Stalingrad ou sur l’impact du projet en terme de nouvelles correspondances pour les usagers des trams 3, 4 et 51, il ne subsiste absolument rien dans l’avis positif rendu.

À côté de 24 conditions cosmétiques et opérationnelles, les deux conditions restantes concernent l’établissement de deux pactes, l’un entre la Région, la Ville de Bruxelles, la commune de Saint-Gilles et la STIB pour régler l’organisation du chantier et les mesures d’accompagnement et d’indemnisation des commerçants du quartier, l’autre en vue d’élaborer une réorganisation de l’espace public après les travaux et non plus simplement une remise en état d’origine comme initialement envisagé. Quel sera le contenu de ces pactes et de quelle manière ceux-ci seront-ils élaborés, pourquoi ceux-ci n’ont-ils pas été établis en amont ? Mystère. Ce qui est certain, c’est que les mesures d’accompagnement financières ne pourront que difficilement compenser la baisse de chalandise engendrée par le chantier et la destruction des caves de certains commerces (essentielles pour leur fonctionnement). De plus, la hausse des valeurs immobilières engendrées par l’arrivée d’une nouvelle station de métro et un nouveau réaménagement de l’espace public engendrera de facto un risque de gentrification du quartier.

Par delà les intérêts locaux, l’intérêt général de la ligne de métro 3 fut également amplement questionné devant la Commission de concertation à travers des critiques que vous pouvez retrouver dans le journal « Métro 3 pourquoi ? » et dans les remarques d’IEB.

Aux nombreuses pannes d’ascenseurs à déplorer dans le réseau souterrain de la STIB s’en rajoute une nouvelle, bien plus grave, car il semble que la capacité des habitants de certains quartiers à faire remonter leurs revendications, afin d’obtenir des garanties démocratiques, transparentes et établies en concertation sur la préservation de leur lieu de vie et de travail, soit momentanément « hors service ».