Plus de 30 événements proposés par de nombreux collectifs et organisations. En voici cinq.
Médor : les yeux ouverts
Médor est un magazine trimestriel belge d’enquêtes et de récits orientés vers l’investigation. En préparation depuis 1 an, le premier numéro devait paraître en kiosque le 20 novembre. Par une ordonnance rendue le 18 novembre 2015 et suite à une requête unilatérale de Mithra Pharmaceuticals S.A. visée par un article, Médor s’est vu interdire la publication et la diffusion du 1er numéro.
Le 1er décembre, le jugement rendu au tribunal de Namur est en faveur du magazine et consacre la liberté de la presse. Médor peut enfin sortir de sa niche ! L’originalité de Médor est qu’il est le seul média francophone constitué en coopérative (actuellement 600 coopérateurs et plus de 2 000 abonnés). Après un appel à souscription sur internet (crowfunding), la coopérative a été lancée en juin 2014 et bénéficie du soutien de la Sowecsom (Société Wallonne d’Economie Sociale Marchande). Le choix d’un tel financement a été fait pour que le média soit indépendant politiquement et financièrement.
L’autre caractéristique du projet est qu’il se veut une plateforme collaborative basée sur l’Open source publishing (OSP) et les logiciels libres. Les contributeurs peuvent non seulement travailler collectivement au projet éditorial mais aussi modifier le code source des programmes employés pour fabriquer le média. Les lecteurs pourront également proposer des sujets de façon interactive.
Au niveau du contenu : 2 enquêtes de fond, 3 récits et portraits, entretien, portfolio photo, et diverses rubriques. L’auteur d’une enquête, qui dure 1 mois, est parrainé par 2 personnes et accompagné par un collaborateur visuel.
En interne, chaque mois a lieu 1 réunion plénière pour discuter des sujets du numéro suivant. 2 coopérateurs sont également choisis pour assister aux décisions et la rédaction-chef fonctionnera en tournante.
Les 19 fondateurs du projet ont aussi réfléchi à l’accessibilité financière du journal pour les plus démunis (article 27) et à l’impact écologique (impression sur papier FSC, distribution à vélo et en voiture électrique). Une version Web plus ambitieuse est à l’étude pour l’année suivante.
Site web : medor.coop/fr.
Bees coop : un supermarché coopératif et participatif
Lancé en septembre 2014 par un groupe de citoyens issus principalement du Réseau pour des Alternatives Démocratiques Ecologiques et Sociales, le projet BEES coop s’est rapidement concrétisé autour d’un groupe d’achat tout en travaillant sur l’ouverture d’un supermarché.
Le principe est le suivant : le coopérateur, qui est aussi propriétaire et client, s’engage à donner 3 heures de travail par mois, afin de réduire les coûts et rendre plus accessibles les produits. La priorité est donnée à des produits ayant une valeur sociale et environnementale forte, à la lutte contre le gaspillage alimentaire (emballages, promotion du vrac, etc.), à la chaîne d’approvisionnement (réseau CHOUD’Bruxelles).
Les membres décident ensemble, via différents mécanismes de participation (assemblée générale, cellules de travail, chantiers) de l’organisation et des orientations de la coopérative.
La BEES coop est aussi une « open coop ». Plutôt que d’entrer dans une logique de concurrence, elle entend partager son modèle et ses outils en utilisant des licences ouvertes et partageables et en favorisant l’échange avec d’autres initiatives similaires.
BEES coop se veut être plus qu’un supermarché mais aussi un lieu de rencontres et d’échanges, ancré dans son quartier grâce à :
En septembre 2016 , aura lieu le lancement officiel du projet dans 4 communes (Schaerbeek, Boitsfort, Forest, Uccle).
Site web : www.bees-coop.be.
NOVA : un cinéma urbain et indépendant autogéré
D’emblée, l’histoire du cinéma Nova s’inscrit dans une volonté de réappropriation. Tout commence en 1997 lorsqu’une poignée de Bruxellois actifs dans la culture urbaine alternative décide d’arracher à la spéculation immobilière une ancienne salle de cinéma bruxelloise vouée à l’abandon et à la démolition. D’abord pensé comme un cinéma « d’urgence » par l’incertitude de son devenir (au départ il devait ne durer que deux ans, le temps d’une convention d’occupation précaire), il a peu à peu pris sa place dans le paysage culturel bruxellois sans jamais renier ses origines non conventionnelles et en luttant contre les travers suscités par la « professionnalisation » qu’implique le recours au salariat.
Depuis 18 ans, ce cinéma qui se refuse à être un écran commercial, est géré par un collectif travaillant essentiellement de manière bénévole pour donner vie à ce lieu d’expression (inter)culturelle et de critique sociale, articulé autour des médias audiovisuels. Dans une société soumise aux diktats économiques, le Nova préserve la construction artisanale de son programme pour et avec les publics concernés en utilisant l’expression audiovisuelle comme moyen de sensibilisation, de formation et de débat. C’est aussi dans cet esprit que l’association n’a jamais recours à la publicité et au marketing comme source de financement.
Le Nova se veut aussi ancré dans un territoire. Il s’inscrit dans la réalité urbaine de Bruxelles portant un regard critique sur sa dualisation sociale. Il défend l’accessibilité de tous en gardant des prix qui ne suivent pas les courbes du marché. Conscient des cultures alternatives repliées sur elles-mêmes, il veille à se connecter et se confronter aux « mouvements sociaux » qui traversent la ville et le monde et sort de ses murs en été, à travers ses programmations PleinOPENair, pour revendiquer un espace public comme lieu d’expression à re-politiser.
Site web : www.nova-cinema.org.
Atelier Cartographique : la cartographie subjective et collaborative
La cartographie a de tout temps été une affaire de puissance... militaire, économique, etc. Aujourd’hui, un courant fort tente de se réapproprier la géographie et sa représentation cartographique aux fins de donner aux collectifs une capacité à agir et à sentir.
Atelier Cartographique s’articule autour d’un noyau d’expertises telles que la programmation et le développement open source, le traitement de données, la gestion de projets, le graphisme et la typographie.
Depuis 2015, Atelier Cartographique développe wænd.com, une application web permettant la publication de cartes collaboratives et subjectives. Wænd est sous licence libre et son usage est gratuit.
Très ouverte en terme de fonctionnalités, la plateforme permet de publier des données géographiques, du texte et des images dans un espace géo-référencé et zoomable, reprenant le monde entier jusqu’a une échelle de quelques centimètres.
Wænd offre également un mécanisme de collaboration : les utilisateurs peuvent contribuer a des cartes pré-existantes en y ajoutant leur propre couche de données.
En permettant aux utilisateurs de créer seuls ou a plusieurs des cartes de toute pie ce, mêlant données géographiques et informations subjectives, l’objectif de la plateforme est de favoriser la ré-appropriation de la représentation territoriale et des enjeux qui y sont liés.
Version alpha du site : waend.com.
Le jardin Latinis : une expérience de gestion en commun
En 2014, Commons Josaphat crée un groupe « Occup’action », qui participe à la mise en place d’activités de quartier sur le site. Un an plus tard, au printemps 2015, un petit groupe lié au collectif Dewey a l’idée de lancer des activités potagères sur le site. Le 4 mars 2015, une vidéo est publiée sur YouTube, pour inviter les gens du quartier à participer à la mise en place d’un « potager spontané », aussi appelé « potager nomade ». Fin mars, un premier atelier y est organisé dans le cadre des ateliers Dewey. Quelques semaines plus tard, Hanne Van Reusel lance un pique-nique qui rassemble une vingtaine de participants, intéressés par le devenir de la friche !
Et, de fil en aiguille, le lieu commence à prendre vie en collaboration avec les riverains, associations et collectifs locaux (Baya, Commons, Samenlevingsopbouw, les Nouveaux Disparus, BXL Wildlife). Nous avons finalement choisi de baptiser ce lieu « Jardin Latinis », en référence à une avenue schaerbeekoise qui longe le site.
Aujourd’hui, Bettina, Laurence, Mathieu et une série d’habitants proches de la friche participent chaque semaine à faire vivre cet espace de verdure perdu, invisible, oublié au milieu de la ville. Nous cherchons ensemble à créer un point de lien social au milieu de cette friche, un lieu que nous voulons résolument ouvert au quartier.
On estime que, pour atteindre ce but, il est important de gérer l’espace de façon transparente et collaborative. La question de la gestion en « bien commun » est donc très prégnante, aujourd’hui, sur ce site. Ceci dit, cette question se pose davantage au travers de nos actions, qu’à travers de grandes réflexions théoriques. On « fait » ensemble, on réalise de petites choses ensemble, qui additionnées les unes aux autres participent à améliorer ce lieu auquel nous nous sommes attachés et à améliorer la façon dont on cherche à présent à en prendre soin.
Pour en savoir plus : http://latinis.wordpress.com.