Suite à l’avis critique de la CRD concernant le PAD Loi déclarant que : « la Commission ne peut soutenir ce projet de PAD sous sa forme actuelle. », Rudi Vervoort a récemment communiqué qu’une révision du projet sera effectuée à l’aune des éléments soulevés par cette dernière.
Pour rappel, ce PAD a provoqué le mécontentement des habitant·e·s et associations dès la mise à l’enquête publique de l’épais dossier. Il vise la transformation en boulevard urbain de la très fréquentée rue de la Loi et de ses 10 îlots situés entre la petite ceinture et la chaussée d’Etterbeek afin d’en briser la mono-fonctionnalité en y introduisant du logement et des équipements. Pour ce faire, ce sont pas moins de 14 tours (dont la plus haute pourrait dépasser les 150m) que le PAD prévoyait de rendre possible. Outre le fait que la conception de ce projet n’ait fait l’objet d’aucune participation, son contenu a été jugé inacceptable par les comités d’habitant·e·s et associations pour de nombreuses raisons dont la très forte densité autorisée, la présence encore trop importante de bureaux, la qualité médiocre des espaces publics au pied des tours, l’impact irréversible sur les perspectives historiques des arcades du Cinquantenaire, le manque de garanties en matière de mobilité mais également une démolition-reconstruction quasi totale du périmètre qui promettait un bilan carbone désastreux.
La CRD conclut dans son avis à un manque de prise en compte de nombreux paramètres dans ce projet, notamment sa durabilité, sa densité, sa typologie, son impact sur le patrimoine et sur la mobilité. Elle souligne également que « l’apparition du Covid 19 est un nouveau paramètre important et inattendu qui doit être pris en compte, avec, entre autres, ses effets sur les bureaux et le tourisme à Bruxelles. » (voir à ce sujet : « Moratoire sur les bureaux dans le quartier européen et à Bruxelles »).
La communication du ministre-président promet une révision du projet qui améliorera certains éléments ayant trait à l’espace public et à la mobilité, aux gabarits et aux implantations, à la densité et aux logements. Cela impliquera notamment une revue à la baisse de la hauteur des bâtiments prévus dans la zone centrale. Il rappelle cependant également que le Projet Urbain Loi (PUL) vivement critiqué lui aussi « constitue le fil rouge du réaménagement de la rue de la Loi depuis 2009 jusqu’à ce jour ».
Les associations craignent de voir l’émergence d’un nouveau PAD Loi qui, bien qu’édulcoré, permettra la réalisation et la régularisation de projets dommageables dans la partie la plus habitée du quartier, notamment la tour de la Commission européenne sur l’îlot 130 (qui pourrait s’élever à plus de 150m) et celles d’Atenor (dont la tour The One, dont la légalité est remise en cause, est déjà sur pied).
Dans le même temps, une proposition d’ordonnance visant à modifier les dispositions du COBAT relatives au PAD a été présentée au gouvernement par plusieurs partis, ainsi qu’une demande de moratoire sur tout nouveau PAD dans l’attente de la révision du COBAT, propositions rejoignant les revendications de nombreux habitant.e.s et de la plateforme Bas Les PAD. Elles n’ont pas trouvé l’appui de la majorité.