Nous sommes les oubliés du confinement. Nous sans-papiers, nous vivons ici, nous payons nos loyers, nous scolarisons nos enfants et, comme les autres, nous risquons de tomber malade. Mais, nous, nous n’avons pas de vraie protection sociale et médicale.
Pour un migrant sans-papiers, cette période du Coronavirus est la plus difficile de tout son parcours. L’État a dit qu’il faut rester chez soi, oui, mais pour un sans-papiers, rester chez soi, ça veut dire qu’il n’a plus de revenu. La plupart des gens vivent et travaillent dans le noir, l’exploitation des employeurs, ici en Belgique, poussée à son maximum, mais malgré ça les migrants sans droit de séjour en Belgique acceptent car ils ont une vie ici, ils louent, ils ont des enfants dans des écoles, des dépenses et des factures à payer.
Nous sommes les oubliés du Covid-19. Le gouvernement a essayé de parler, de toucher et de remercier tout le monde pendant cette période, à part ce migrant sans-papiers qui est là depuis des années, qui travaille avec toutes ses forces dans des secteurs difficiles et importants pour chaque pays, mais sans aucune reconnaissance.
Le 31 mars, Migrant libre a lancé sur internet un « appel SOS » à la régularisation mas-
sive. Directement après, les sans-papiers ont créé un groupe, la volonté était bien présente. Nous avons décidé que nous devions nous montrer dans cette période, nous devons être dans la lumière. Le groupe de sans-papiers s’est organisé pour une sortie éclair devant la tour des finances, devant les bureaux de Maggie De Block, pour lancer le message et le premier signal d’alarme et lancer la campagne de demande de régularisation.
Chose dite, chose faite : le 20 avril, le groupe a fait cette sortie. Un groupe exclusivement organisé par des sans-papiers, sans soutien des syndicats ou d’associations, soutenu par la présence d’amis personnels belges et non-belges pour s’interposer en cas d’arrestations. En plein confinement, le risque était là, mais le message est bien passé et l’action a été un succès.
Avec toutes les souffrances qu’endure cette « partie de la population » ou, comme j’aime bien nous nommer, de citoyens (car je me considère comme citoyen du monde) on essaye de militer, de faire entendre notre voix, de dire qu’on est des êtres humains et qu’on a des droits. Que si on a choisi de rester là, c’est qu’on veut vivre dans la paix et que cette situation administrative ne veut rien dire.
Peut-être l’État fait-il semblant de ne pas voir qu’il y a un vrai problème à laisser les gens dans cette situation, mais moi je vous dis que c’est un immense problème : il y a des générations qui ne vont pas vous pardonner cette maltraitance. Nous avons choisi de vivre quelque part dans la paix, ni moi ni personne ne devrait justifier les raisons qui nous amènent à vivre quelque part sur la terre. De nombreuses personnes quittent leur pays s’installent là où ils aiment être, parmi les Belges. Alors pourquoi vous voulez interdire à d’autres ce que vous vous permettez de faire ?
Pour les sans-papiers, la régularisation est la seule solution pour nous permettre de vivre dignement.
Dans cette période du Covid-19, comme tout le monde, on risque aussi d’être touchés par la pandémie, l’État doit nous donner des papiers, pour le bien-être de tout le monde, car nous n’avons aucune protection médicale. Nous voulons cette reconnaissance, nous voulons vivre normalement.
La Belgique peut aussi régulariser les sans-papiers.
Pour les sans-papiers, la régularisation est la seule solution pour nous permettre de vivre dignement.