Le 2 avril dernier, l’Agence de Développement Territorial (ADT) rassemblait l’ensemble des acteurs concernés par le développement de la zone de Tour et Taxis. Ce ne sont pas moins de 55 projets qui ont été identifiés sur un
mouchoir de poche : 11 parcs et espaces verts, 25 projets de bâtiments et 18 projets de voiries et d’infrastructure. Autant dire que la zone suscite toutes les convoitises... Comment les quartiers avoisinants vont-il encaisser un choc pareil ? A cette réunion, pas un mot sur les effets d’une telle concentration de projets : les effets sociaux, liés notamment à l’inévitable spéculation immobilière qui s’exercera sur le bâti existant, repoussant les moins nantis on ne sait où, les effets environnementaux qu’engendrera la prévisible congestion automobile en l’absence de transports en commun (loin d’être acquis, en cette période de disette budgétaire).
A entendre la multitude de porteurs des projets, une grande partie d’entre eux, dans un scénario « volontariste », devraient voir le jour en 2013. Autant dire que l’on souhaite bon courage à l’ADT, censée faciliter la coordination de ces projets : imaginez l’enfer quand on s’attaquera en même
temps à la transformation de l’avenue du Port, la construction du nouveau bâtiment de l’IBGE, les premiers logements de T&T Project, la passerelle Picard, la tour Atenor et le projet Tivoli de la SDRB, pour n’en citer que quelques-uns...
Les intentions des promoteurs des projets immobiliers les plus importants sont éloquentes et révèlent bien leur conception de la ville. Décernons la palme à Stéphan Sonneville, représentant d’ATENOR, promoteur du projet de la tour Premium, qui a explicitement appelé à la mobilisation des pouvoirs publics pour mieux « vendre le quartier ». Il faudrait donc que la Région
mette en place d’urgence un marketing du quartier capable de valoriser au plus vite son investissement dans une tour qui n’est pas une source de profits pour sa société [1]. Une provocation à laquelle Jean-Michel Mary, représentant la STIB, n’a pas manqué de répondre indirectement : la ligne de tram nécessaire au désenclavement du site coûtera 60 millions d’euros qu’il conviendra de financer en pompant la plus-
value des projets immobiliers que le tram desservira. Les actionnaires d’Atenor ont du souci à se faire...
[1] Seuls les 30 000 m² de bureaux lui permettrait d’équilibrer son projet...