Je suis passé à Inter-Environnement un vendredi après-midi, j’ai discuté des articles de ce BEM avec Meriem et je me suis alors souvenu que lorsque j’étais très jeune, la culture paysanne du nord de l’Italie était encore très astucieuse quand il s’agissait d’organiser le territoire pour recueillir l’eau de pluie.
Je me suis souvenu que pour absorber les gros orages d’été tout un réseau de fossés recueillait ce qui pouvait encore pénétrer dans le sol pour le désaltérer.
Je me suis souvenu que ce qui débordait des fossés était acheminé vers la citerne et que ce qui ne pouvait rester dans la citerne était canalisé vers l’étang.
Je me suis souvenu que nous n’étions pas encore raccordé au réseau de distribution d’eau de ville et que nous puisions avec délice ce qu’il nous fallait directement dans la nappe phréatique.
Je me suis souvenu aussi que, pour le petit citadin du Nord que j’étais, les campagnes de la plaine du Po étaient des jardins enchanteurs. Ceux qui la travaillaient étaient riches d’une antique culture, mais pauvres dans leur vie quotidienne. La situation des paysans s’est améliorée avec l’avènement des coopératives et la transition vers une agriculture plus extensive. Dans le Nord de l’Italie, il n’y a pas eu de remembrement, les paysages et les pratiques ont quand même évolués, mais plus lentement qu’ailleurs. Avant que leur savoir ne s’efface, Giuseppina, Talino, Artemio, Rita, Marino, et Arcangelo ont eu encore le temps de m’apprendre quelques-uns de leurs secrets.
Aujourd’hui, même l’été, nous sommes souvent inondés par les pluies d’orage, l’eau phosphatée du puits est devenue imbuvable et la nappe phréatique baisse régulièrement en entraînant les fondations de notre maison tutélaire. Aujourd’hui, nous sommes raccordés à l’eau de ville, mais nous nous en méfions car le marché enchanté de l’eau nous a lavé l’esprit et, nous aussi, nous achetons de l’eau minérale en bouteilplastik.
Asino Marchino