Voilà qu’IEB arrive à cinquante ans d’existence. Cela se fête !
Eh oui, c’est le 6 mai 1974 que vingt-neuf représentants de comités de quartier, d’associations et de collectifs bruxellois, de groupements de défense de la nature approuvaient les statuts de l’asbl Inter-Environnement Bruxelles…
C’est le moment de se souvenir du chemin parcouru au sein d’une histoire régionale jalonnée de changements. Aussi, dans la newsletter chaque semaine de cette année 2024, sera fait le récit d’une lutte passée, sera contée l’histoire d’une victoire remportée, d’un échec encaissé, ou d’une résistance au long cours. Cela donnera cinquante articles égrenés tout le long de l’année. Et au final ces cinquante témoignages seront rassemblés en ordre chronologique pour être publiés.
En 1974, vingt-neuf signataires fondent IEB, et non des moindres…
On y retrouve entre-autres Louise Beckers-Gilbert, de l’avenue Latérale à Uccle : le périphérique - Sud devait éventrer la vallée Saint-Job ; Philippe De Keyser, représentant le Comité général d’Action des Marolles (qu’on ne présente plus) ; André Dewaele, de l’avenue des Cerisiers à Schaerbeek, qui protestait avec son comité contre le bruit des avions (déjà !) ; Michel Godard, qui représentait le Comité d’Action Transports urbains ; Marcel Guillaume, de l’avenue Nouvelle à Etterbeek : l’autoroute de Namur devait être prolongée par-dessus les voies de chemin de fer jusqu’au rond-point Schuman ; Roger Leblanc, représentant l’Action nationale pour la Sécurité vitale (déjà la lutte contre la précarité) ; Charlotte Lannoy, de la rue Lesbroussart à Ixelles, Marguerite Mertens de la rue Hottat à Ixelles, Roland Vandekastele de la place Jourdan à Etterbeek : « l’autoroute du Maelbeek » devait traverser Ixelles et Etterbeek par une route de 2 x 2 bandes, sur le trajet des rues du Bailly, Lesbroussart, Gray, vers le quartier Européen ; le docteur Jacques Stenuit, grand défenseur de la forêt de Soignes. Et bien sûr Maurice Culot, des Archives d’Architecture moderne, et René Schoonbrodt, de l’ARAU. Que du beau monde !
Ils seront bientôt rejoints par une série de comités, issus de tous les coins de l’agglomération, à tel point que la fédération en a compté rapidement jusqu’à cent.
C’est que le travail ne manquait pas : Bruxelles était déjà le terrain de jeu des grands projets. On avait sur le dos le bouclage du ring à travers Uccle, en même temps que l’extension du palais de Justice dans les Marolles, on subissait les destructions gigantesques du quartier Nord pour permettre le projet Manhattan, le projet autoroutier du Maelbeek et la construction du quartier européen, un projet autoroutier en rive gauche du canal (la route « industrielle » qui devait relier l’autoroute de Paris audit quartier Nord), mais aussi la jonction du quartier Nord vers l’autoroute d’Ostende par la rue Picard à travers Molenbeek. Sans compter l’arrivée de l’autoroute d’Anvers par-dessus les voies de chemin de fer à Schaerbeek, également en direction du quartier Nord…
Pour une part, les deux crises pétrolières survenues à l’époque (oui, aussi, déjà…) ont freiné un peu tout ça. Mais Bruxelles n’était pas encore une région à part entière, son sort urbanistique était encore décidé au niveau national, où un ministre traitait des affaires bruxelloises. Les Bruxellois ont cru que leur sort serait adouci s’ils géraient leurs affaires eux-mêmes. Inter-Environnement Bruxelles a milité pour l’adoption d’un plan de secteur qui définirait les affectations du sol, en même temps que pour l’avènement d’une Région bruxelloise. La création d’un Conseil d’Agglomération avait déjà donné de l’espoir : son échevin de l’Urbanisme, Serge Moureaux a joué une rôle déterminant par une plus grande transparence de la gestion urbaine et l’association des habitant.es aux débats sur le devenir de la ville. La Région est créée en 1989 mais dès la deuxième législature, le gouvernement bruxellois, à force de vouloir capter les investisseurs sur son territoire, a laissé le chant des sirènes des promoteurs couvrir les voix des habitant.es en place.
Mais 2024 ne doit pas donner lieu à une Chronique des Temps Mauvais…
Ce n’est pas fini, car selon le mot de René Schoonbrodt (notre premier président) : « Il faut savoir rester continuer durer ». Bruxelles le vaut bien.