Le Plan d’Aménagement Directeur (PAD) Josaphat traverse un moment décisif : le gouvernement commandera d’ici peu, à l’occasion de son passage en seconde lecture, des études supplémentaires pour remédier aux manquements identifiés dans le plan. Une occasion, espérons-le, de revoir de fond en comble un plan qui s’avère de toute évidence obsolète. Les associations et habitant·es demandent de refaire un plan directeur qui s’appuie sur les atouts du site pour répondre aux grands défis environnementaux du 21e siècle, et donc d’arrêter la phase 1.
Pour rappel, le PAD Josaphat avait rencontré une quantité impressionnante de réactions défavorables et d’analyses critiques des diverses instances d’avis pendant son passage en enquête publique. Résultat : des études complémentaires et de très sérieuses corrections s’imposent.
Qu’on ne s’y trompe donc pas : quelques rectifications cosmétiques ne pourraient en aucun cas faire l’affaire. Sous peine de perdre (encore) plus de temps, c’est tout le plan, son implantation et son programme qu’il faut revoir. Ce qui implique tout d’abord de mettre fin à la première phase de développement (phase 1 sur la carte), qui jusqu’à ce jour met en compétition des développeurs pour un vaste projet qu’aucun cadre n’autorise encore (encore heureux qu’aucune pelleteuse n’ait déjà entamé de travaux). Josaph’Aire, Sauvons La Friche Josaphat, le BRAL, Natagora, IEB, l’ARAU, le collectif Bas les PAD et des habitants du quartier demandent donc au gouvernement de stopper immédiatement la phase 1 et de prendre suffisamment en compte toutes les réactions et avis donnés dans le cadre de l’enquête publique avant de prendre une décision sur l’avenir du site.
Parmi ces avis, celui de la Commission Régionale de Développement (CRD, qui réunit des experts indépendants) est déterminant quand il s’agit de questions d’ordre planologique. Remis au printemps de l’année dernière, il n’aurait pu être plus clair : « Comme les compléments nécessaires à fournir pour le rapport sur les incidences environnementales (études paysagère et de la biodiversité approfondies, alternatives typo-morphologiques spatiales et fonctionnelles etc..) nécessiteront une nouvelle enquête publique, la Commission recommande pour la redéfinition du programme et de sa spatialisation de prendre en compte l’ensemble des remarques évoquées dans son avis, et en particulier ».
Or, « redéfinir un programme et sa spatialisation », cela revient de fait à dessiner un nouveau plan. Plutôt que de chipoter indéfiniment sur des bases erronées, c’est un nouveau plan qu’il faut dessiner, au travers d’un processus plus transparent et à partir de nouvelles intentions, dont la biodiversité est désormais centrale.
Depuis 8 ans que le plan directeur à l’origine du PAD a vu le jour, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. L’écrivain David Van Reybroeck nous partageait ces mots en avril passé, ici traduits du néerlandais : « Ces plans n’étaient pas si mauvais, mais juste tellement...2010. Depuis, le réchauffement climatique est une réalité et nous savons que les villes ne resteront vivables qu’avec moins de béton : des terrains où la chaleur n’est pas stockée en journée dans des dalles de trottoirs, de l’asphalte ou des toits. Depuis, nous savons que les friches sont essentielles pour le rétablissement de la biodiversité. Depuis, nous savons qu’un confinement prolongé peut avoir lieu et que des espaces verts sont plus que jamais indispensables dans des quartiers densément peuplés, surtout quand le corona ou d’autres virus s’introduisent dans nos vies. Depuis, nous savons surtout que la croissance démographique de Bruxelles s’annonce plus lente que prévue et que le besoin en logements supplémentaires est plus faible que ce que l’on pensait il y a 10 ans. Nouvelle époque, nouvelles perspectives. »
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