En novembre 2013, les Bruxellois apprenaient que la Région s’était dotée d’un Plan canal puisque le gouvernement l’avait adopté. Mais son contenu restait pour le moins mystérieux. Pas de consultation publique si ce n’est les 48h du Plan canal au début des grandes vacances 2013. Un marathon où tous les « acteurs concernés » – les promoteurs passant avant les associations citoyennes – furent conviés au pas de charge pour écouter l’architecte français Alexandre Chemetoff décrire le Domaine Régional de 313 hectares du canal autour d’une carte joliment colorée et non légendée.
Résultat de cette consultation ? Une vidéo de 2 minutes sur le site de l’AATL. Quelques mois plus tard, on apprenait que le tout était présenté à la grand-messe annuelle de l’immobilier cannois, le MIPIM. On aurait toutefois cherché vainement sur l’un des sites de la Région la moindre trace de ce Plan. Est-ce pour réparer cette erreur que l’ADT a organisé la semaine dernière deux jours « Canal Days » en grande pompe ?
Dans la brochure produite pour l’occasion, vous apprendrez que le canal est un territoire d’opportunités au carrefour de l’Europe, un espace pour le développement du logement illustré par la devenue incontournable Tour Up Site (42 étages de logements haut de gamme avec vue sur le canal), laquelle a bien besoin des services de marketing de la Région pour assurer sa promotion. Vous chercherez par contre vainement les mots « logement social ». Sans doute cette notion a-t-elle belle et bien disparu en Région bruxelloise...
Dans cette mer de marketing, on épinglera toutefois le discours de clôture de ces journées par la représentante de la Direction de la Politique Régionale et Urbaine de la Commission européenne qui nous rappelle fort opportunément qu’« on ne peut pas toujours être dans un modèle de l’économie mondiale et qu’il faut s’ancrer dans l’économie locale. Chercher à encourager l’inclusion sociale dans un monde où beaucoup de personnes sont hors du monde du travail et à côté de la société en marche. Comment éviter la ségrégation dans un monde où l’exclusion sociale est créée par la compétitivité des villes ? La problématique du logement social est importante. Il ne suffit pas de reloger les gens dans des conditions artificielles ».
Pour le surplus, le Plan canal reste à ce stade un objet assez insaisissable. Les participants ont bien reçu gracieusement un ouvrage de plus de 200 pages intitulé « Plan-canal 01 » agrémenté de splendides cartes et photos et présentant la « méthode cartographique Chemetoff » et annonçant prochainement un « Plan-canal 02 ». La série est donc lancée. De cette première saison, un territoire concret se détache : le bassin de Biestebroeck.
Chose intéressante, l’ouvrage signale qu’« il ne s’agit pas ici, par un règlement d’urbanisme ou un programme, de traduire le contenu du Plan-canal comme une stratégie de planification, mais plutôt de développer, d’infléchir les projets en cours ». Initialement, la méthode Chemetoff semblait plus dans « l’accompagnement » que dans « l’infléchissement » ce que nous regrettions dans un précédent écrit : Un plan « directeur » pour ne pas diriger les transformations du canal.
Le programme Chemetoff esquisse différentes alternatives pour l’aménagement du bassin de Biestebroeck, notamment :
Intéressant mais comment cela infléchira-t-il le masterplan sur Biestebroeck déjà adopté par la commune d’Anderlecht il y a à peine deux mois (http://participation-anderlecht.be/IMG/pdf/2014-03-18_Masterplan_-_PPAS_Biestebroeck_1.pdf) et dont certaines options s’éloignent sérieusement du programme envisagé par le Plan canal ?