Inter-Environnement Bruxelles
© IEB - 2021

Bruxelles, pot-pourri

Pour 2023, IEB (nous) souhaite une ville plus écologique et plus égalitaire, prenant les devants pour assurer l’accessibilité financière du logement et le développement de solutions structurelles pour limiter l’usage de la voiture, tout en renforçant les mécanismes de démocratie urbaine.

© Arnaud Lorne - 2023

Les luttes continuent donc, et ce numéro constitue un pot plutôt pourri de ce qui nous attend, même si l’avenir comporte une part de flou et d’incertain. Le flou, c’est d’ailleurs l’une des caractéristiques notables de la nouvelle mouture du règlement d’urbanisme bruxellois (dit Good Living), dont la mise à l’enquête publique vient de s’achever. « RRU : le règlement qui dérégule », premier article de ce numéro, analyse les manquements de cette nouvelle mouture qui concentre davantage son attention sur ses bonnes intentions (good, donc) que sur les moyens réglementaires pour y parvenir. En résulte un projet truffé de concepts creux, ouvrant la voie – lors du traitement du permis – à des interprétations arbitraires risquant de favoriser les gros projets qui maximalisent la rente foncière.

Ce nouveau règlement répond par contre aux attentes d’un secteur immobilier en ce qu’il dérégule fortement les hauteurs admissibles pour certaines constructions, de quoi attiser les convoitises des spéculateurs. « Realty en catimini », second article de ce journal, vous fait vivre de l’intérieur le dernier salon belge de la promotion immobilière, où se rencontrent les acteurs privés et les mandataires publics pour façonner la ville de demain. Une ville dans laquelle les pouvoirs publics ont clairement abandonné l’idée de produire eux-mêmes du logement, déléguant cette responsabilité au secteur privé. Qu’importe que la typologie produite ne corresponde nullement aux besoins identifiés en région bruxelloise ou que l’accroissement du nombre de logements produits n’ait aucun effet à la baisse sur le coût d’acquisition de l’immobilier.

Dans le même temps, le logement social existant est mis à mal, à l’image du cas des cinq blocs de la rue du Rempart des Moines, sujet de l’article qui suit. Après avoir laissé pourrir les logements sociaux qui y sont situés pendant de nombreuses années, avec des conséquences désastreuses pour les conditions de vie et la santé de ses 800 locataires, le Logement Bruxellois a demandé un permis d’urbanisme pour une démolition-reconstruction qui vise, certes, à reconstruire des logements sociaux, mais dans une proportion moindre, au profit d’équipements collectifs et surtout de logements moyens. Les habitant·es mobilisé·es ayant cherché à obtenir des réponses sur les responsabilités politiques quant à l’inaction passée en matière de rénovation n’ont obtenu aucune réponse.

La rénovation est pourtant au cœur du nouveau projet de règlement d’urbanisme (même si les dispositions sont insuffisantes) et le secteur immobilier, qui a longtemps privilégié la démolition-reconstruction (parfois moins chère, permettant d’augmenter les gabarits…), est aujourd’hui en train de changer son fusil d’épaule. Les objectifs restent cependant les mêmes : assurer une meilleure isolation des bâtiments, une nécessité absolue dans un contexte de crise climatique et désormais de crise énergétique.

Si à l’heure d’écrire ces lignes les prix du gaz et de l’électricité amorcent une courbe descendante, les prix restent élevés et ce qui s’est passé en 2022 peut se reproduire à tout moment. Le mouvement « Don’t Pay Belgique », présenté dans le quatrième article, rassemble des personnes issues des trois régions belges et propose d’organiser une autodéfense populaire contre les acteurs du marché de l’énergie qui enregistrent des profits records au bénéfice de leurs actionnaires tandis que la population s’appauvrit et s’endette, que les comptes publics se vident et que la sécurité sociale s’affaiblit. La situation que nous subissons n’est pas une fatalité, mais les changements ne pourront être impulsés que par le bas.

Enfin, pour clore ce numéro, nous prenons des nouvelles d’une saga au long cours, celle de l’élargissement du ring Nord par la Région flamande, autrefois objet de fortes mobilisations de la société civile et d’un veto clair de la Région bruxelloise, cette dernière s’est depuis prononcée en faveur d’une « optimalisation sous conditions », autrement dit une porte ouverte à la négociation politique que la Région pourrait utiliser pour favoriser ses propres projets, le développement du plateau du Heysel via NEO avec la tarification kilométrique en tête. Au moment où la Région bruxelloise cherche à « apaiser » les quartiers, peut-elle raisonnablement s’accommoder d’une augmentation significative du trafic routier (et de ses nuisances associées) aux portes de la ville ?

La Région bruxelloise s’est depuis prononcée en faveur d’une « optimalisation sous conditions »…