BRÈVES D’ICI
Place du Jardin aux Fleurs : le Lotto de la Ville de Bruxelles
La place du Jardin aux Fleurs était semi-piétonne depuis plusieurs années mais le plan de circulation lié au « plus grand piétonnier d’Europe » est sur le point de réouvrir la place au trafic de transit. Cette annonce a fait craindre aux riverains que la place ne devienne un danger permanent pour leurs enfants. Un avis qu’ils ont partagé lors d’une réunion de quartier au début du mois de février, prévenant la Ville, qu’en cas d’accident, ils la tiendraient pour responsable.
En réaction, la Ville a fait distribuer des bulletins de vote (nominatifs !) aux habitants du quartier, les invitant à se prononcer sur deux scénarios de modifications possibles. Mais seuls les habitants de certaines rues et entre certains numéros ont reçu les bulletins de vote… Ainsi vous habitez au 57 rue d’Anderlecht ? Pas de chance, seuls les habitants des numéros 59 à 190 peuvent se prononcer. Rue de la Verdure ? Les votes commencent au n° 20 et s’arrêtent au n° 60. Vous habitez le quartier et faites vos courses dans ces rues, aux « bons numéros » ? Pour la Ville de Bruxelles, vous n’êtes pas concerné...
Source : Plateforme Pentagone, www.platformpentagone.be.
Vers une meilleure gestion de l’eau à Bruxelles ?
Aujourd’hui, des citoyens et associations se mobilisent à nouveau pour défendre l’accès à l’eau – comme « droit fondamental » – et pour souligner la nature de l’eau comme « bien commun ». Un mouvement qui s’est formé à partir de la fin des années 2000, à l’époque de la mise en place du bassin d’orage de la place Flagey.
La tendance mondiale est à vouloir donner une valeur économique à cet élément essentiel pour la vie. À Bruxelles, bien qu’il y ait une volonté affichée de résister à cette tendance, le risque existe comme ailleurs. D’un autre côté, les services liés à la potabilisation de l’eau, son acheminement jusqu’à la ville, sa collecte par l’égout et son épuration ont un coût. Des coûts en constante augmentation à cause des traitements de potabilisation plus sophistiqués, du renouvellement des infrastructures, des normes d’épuration toujours plus sévères, du type de pollution des eaux de nappes comme des eaux usées, etc.
Dans un article publié en juillet 2015, dans la revue « Brussels Studies », une équipe de chercheurs menée par le géographe Tom Goosse rappelle les fragilités du cycle hydrologique bruxellois et les défis qui attendent la Région en matière de gestion de l’eau : aujourd’hui les problèmes du cycle hydrologique y sont gérés « en bout de chaîne », en faisant peu de cas du milieu naturel. C’est-à-dire que la Région se donne les moyens de répondre aux « dysfonctionnements » sans s’attaquer aux causes.
La ville doit – selon eux – se donner les moyens de mettre en place une gestion intégrée des ressources en eau prenant en compte un vaste éventail de paramètres naturels et urbains qui affectent le cycle de l’eau en ville : topographie, couvert végétal, niveau des nappes phréatiques, caractéristiques des sols, géologie, capacité et structure du réseau d’égout, configuration des rues, surfaces imperméables, etc. Des paramètres trop souvent ignorés des habitants et des pouvoirs locaux.
Source : La cité des ânes, L’eau @BXL, www.ezelstad.be.
La Cycloperativa, un atelier vélo qui brasse local
C’est un petit local ouvert sur la ville, dans le quartier d’Anneessens. Entre bacs d’outils et bacs de bière, on y apprend à régler ses freins et à regonfler ses pneus. Mais l’atelier de mécanique est aussi prétexte à la rencontre, autour d’un objet qui roule dans toutes les langues. L’asbl Cycloperativa poursuit deux objectifs : promouvoir l’autonomie du cycliste (que, dans leur amour du jeu de mots, ils appellent « vélonomie ») et… promouvoir la bière molenbeekoise de la Brasserie de la Senne. L’association compte déjà une belle victoire : « Avoir fait virer AB InBev de la carte du festival des Libertés ». Mais aussi, avoir été visiter les Brasseries de la Senne avec un groupe du quartier, parmi lequel des musulmans qui ne boivent pas d’alcool. « Il y a une petite dissonance entre les gens du quartier et le côté ‘bière’, admet Benjamin. Mais cela fait partie de notre patrimoine. Lors de notre fête d’anniversaire, on a bu de la bière et mangé du couscous. »
La Cycloperativa est un collectif autogéré. Chacun s’investit selon ses envies, ses disponibilités, ses possibilités. L’asbl accepte quelques dons privés pour acheter une base de matériel mais refuse les subsides structurels afin de garder son indépendance. L’association, qui a gagné le prix belge de l’Énergie et de l’Environnement (Young People Award) en 2015, développe des partenariats avec d’autres militants de la piste cyclable, par exemple Dioxyde de Gambettes avec qui elle organise la Fête de la Charge, lors de la Journée sans voitures à Bruxelles.
Source : Alter Échos, www.alterechos.be.
Forest : le cinéma « Movy Club » racheté par la Région
Le Movy Club, connu comme le dernier cinéma de quartier bruxellois, est fermé depuis 2011. Construit au début des années 30 par l’architecte Leroy, cet immeuble de 600 m² avait été inscrit par la Région sur la liste de sauvegarde du patrimoine en 1997. Mais ce qui en faisait une institution, c’était son exploitant Pierre Gueulette, fou de cinéma, et tout à la fois concierge, caissier et opérateur de la salle. Quelques semaines après l’annonce de la mise en vente du bâtiment fin janvier 2016, la Région bruxelloise s’est accordée sur l’acquisition de ce bien au prix de 285 000 euros afin de préserver l’affectation des lieux. « L’acquisition du Movy Club s’inscrit dans une logique de cohésion sociale, qui sera exécutée en lien étroit avec la population de la commune. Je souhaite que les activités culturelles organisées au Movy Club s’inscrivent de manière complémentaire à la dynamique des autres opérateurs culturels locaux déjà en place », a indiqué Rudi Vervoort.
Source : L’avenir, « Le Movy Club restera un cinéma : la Région le rachète », www.lavenir.net.
ET D’AILLEURS
L’immobilier londonien, jalon d’un paradis fiscal
Londres est la ville d’Europe où l’immobilier est le plus cher. Le prix du mètre carré y dépasse en moyenne 10 000 € à l’achat tandis que le loyer moyen culmine à 2 100 €/mois (audit du cabinet Deloitte). Pour toute une génération de trentenaires et de quadras, dont les revenus sont par ailleurs confortables, la colocation est devenue la seule solution possible. En 20 ans, le marché immobilier londonien a fait un bond de 400 %. Si les traders de la City, les milliardaires russes, chinois ou qatari sont prêts à débourser jusqu’à 150 000 euros du mètre carré pour un penthouse au cœur de la capitale, de plus en plus de Londoniens sont contraints de quitter la ville…
…Une ville où les deux tiers des compagnies étrangères qui possèdent des biens immobiliers ont également des investissements dans des paradis fiscaux. D’après Richard Murphy, expert en taxation, les sociétés offshores investissant dans la pierre londonienne ou anglaise coûteraient au Royaume-Uni jusqu’à 2 milliards de livres en évasion fiscale. Ces sociétés ne payent ni droit de succession, ni droit de timbre, ni plus-value. Les « superflats » et les « mansions blocks » ont octroyé des revenus particulièrement conséquents après la crise financière, permettant aux plus riches de gonfler leur patrimoine. L’immobilier britannique de luxe constitue aujourd’hui une lessiveuse très efficace pour l’argent sale.
Sources : « L’ombre des paradis fiscaux », L’Écho, 7 mars 2016 ; « Londres : toute une génération contrainte à la colocation », RTBF, www.rtbf.be.
Marseille : des habitants gazés pour avoir protégé des bancs publics
Fin 2015, des habitants de la Plaine, un quartier en plein centre-ville de Marseille, fabriquent trois tables et un banc en bois, qu’ils installent dans un parc public. Une manière d’améliorer la vie de ce quartier populaire et de résister à une opération dite de « requalification » à l’issue de laquelle la mairie espère une « montée en gamme » du marché et de son quartier. Le 18 mars, la ville a décidé de se débarrasser de ce mobilier urbain, au motif qu’il a été érigé « sans autorisation ». Alors qu’une première table était détruite à coup de tronçonneuse, des habitants ont tenté de protéger la deuxième. La police municipale n’a pas hésité à faire pleuvoir les gaz lacrymogènes, de manière totalement disproportionnée, et à interpeller trois personnes.
À l’horizon 2019, la ville de Marseille souhaiterait y réduire la place de la voiture et des stationnements, la taille du marché et de l’espace de loisirs, et d’étendre en contrepartie les terrasses de restaurants. Selon l’Assemblée de la Plaine, un collectif d’opposants au projet, cet aménagement urbain conduirait à davantage de « gentrification », avec augmentation des loyers à la clé, et serait fait pour les touristes et non pour les habitants. Si la plupart des riverains ne contestent pas la nécessité de rénover la place, ils dénoncent une « pseudo-concertation ».
Source : Basta !, www.bastamag.net.
L’eau contaminée de Flint, marqueur d’un « racisme environnemental »
Flint (Michigan), 115 km à l’ouest de Détroit, est au coeur d’un scandale ayant pris source en avril 2014. Par souci d’assainissement des finances publiques, les administrateurs municipaux avaient mis un terme à l’achat de leur eau à la ville de Detroit pour la puiser dans la rivière locale. Très vite, une bactérie s’était propagée et avait rendu les habitants malades : 87 cas de légionellose recensés dont 10 menant à un décès. Pour venir à bout de cette dernière, les solutions chimiques utilisées par l’usine de traitement des eaux n’avaient fait qu’aggraver le problème tout en se révélant particulièrement corrosives. Les vieilles canalisations, corrodées par les produits, s’étaient mises à libérer du plomb menant à la contamination de 500 personnes.
Symbole tristement célèbre de la crise de l’automobile et des fermetures d’usines, la ville de Flint a perdu la moitié de sa population en un demi-siècle. Elle compte désormais 100 000 habitants – noirs à 57 % – dont 42 % vivent sous la seuil de pauvreté. Très vite, se pose la question de savoir si le scandale serait arrivé si les habitants avaient été riches et blancs. « La plupart des gens qui paient le prix de vivre dans des zones polluées, près d’incinérateurs, d’usines ou d’endroits contenant des produits toxiques ou dangereux comme des déchets, sont les personnes de couleur. Flint ne fait pas exception » confirme Laura MacIntyre, professeur à l’Université de la ville. La pollution de l’eau étant bien, selon elle, un problème « racial » car elle touche de façon disproportionnée la population noire. « Racisme environnemental » ou « traitement deux poids, deux mesures », le scandale rappelle en tout cas la gestion catastrophique en 2005 de l’après Katrina à la Nouvelle- Orléans et remet le pays face à la question de la ségrégation.
Sources : « Empêtré dans le scandale de l’eau empoisonnée, le gouverneur du Michigan tente de sauver la face », Le Monde, 21 janvier 2016 ; « Flint, ville symbole du ‘racisme environnemental’ ? », AFP.
De la complaisance des États membres envers certains lobbys
Une étude menée par la coalition ALTER-EU suggère que la palme de la complaisance envers les lobbys revient en réalité aux États membres eux-mêmes, à travers leurs représentations nationales à Bruxelles. En effet, les représentations nationales à Bruxelles ne sont pas soumises aux règles de transparence et d’accès à l’information que les institutions européennes se doivent de respecter ; chacune étant régie par son propre droit national, souvent plus limité que le droit européen.
Pour cette étude, concrètement, il a été demandé à chaque représentation nationale à Bruxelles de fournir une liste des rendez-vous organisés au cours de l’année écoulée avec des représentants « porteurs d’intérêt », ainsi que le nom des personnes présentes et les thèmes abordés. La Commission européenne est d’ailleurs tenue de fournir ces informations de manière automatique. Une littérature qui est abondamment exploitée par la société civile pour suivre et contrebalancer, autant que possible, l’influence des lobbys sur les politiques européennes.
En l’occurrence, la plupart des représentations nationales ont répondu qu’elles ne disposaient pas d’une telle liste. D’autres, comme le Royaume-Uni et Malte, plus sincères peut-être, ont carrément refusé de révéler ces informations. Les dernières, parmi lesquelles la France, ont tout bonnement refusé de répondre quoi que ce soit. Au final, seules l’Irlande, la Roumanie, les Pays-Bas et la Pologne auront donc révélé des informations (partielles) sur les réunions organisées avec des lobbyistes. Elles donnent une idée de ce que les autres pays refusent de rendre public… Par exemple, comme c’est le cas pour les institutions européennes elles-mêmes, la grande majorité de leurs réunions avec des lobbyistes concernaient des représentants d’intérêts économiques (plus de 60 %), et seule une minorité des organisations de la société civile. Truisme ?
Source : Observatoire des multinationales, multinationales.org.