Ce mois de décembre 2014, IEB atterrissait avec ses 14 travailleurs, sa bibliothèque, ses Bruxelles en Mouvements et sa curiosité à deux pas de la place Lemmens, derrière l’Ecole des Arts et Métiers, dans le Centre Euclides, rue du Chimiste. En 40 ans, IEB a déménagé quelques fois.
Nos premiers locaux, au début des années 70, étaient situés rue d’Arlon, à proximité du quartier européen, sur le versant Est et surplombant de la ville. Début des années 80, IEB descend de sa butte dans les quartiers centraux à l’ombre de la Bourse, rue Maus et, une décennie plus tard, près de l’Hospice Pachéco, rue Marcq. 2001, IEB reprend son baluchon mais ne le pousse pas trop loin, rue du Midi, au cœur de la vie urbaine bruxelloise à laquelle elle est attachée.
Au fil de ces pérégrinations, s’installe le désir d’être propriétaire. Après tout, IEB a 30 ans, l’âge où on achète. C’est ainsi que nous décidons en 2009 de devenir coopérateur et de nous investir dans la mise sur pied de ce qui deviendra une vitrine associative environnementale, Mundo-B. IEB remonte sur la colline et renoue avec ses débuts dans un bâtiment, situé à deux pas de la Porte de Namur, qui accueille l’élite de la question environnementale mais s’avère peu perméable aux questions urbaines et sociales qui agitent IEB. L’implantation spatiale et physique n’est pas neutre et influence la nature de ceux qui nous visitent et de ceux que nous visitons.
Nous n’y respirions plus suffisamment toutes les odeurs qui émanent de la ville d’aujourd’hui.
Vient l’envie de redescendre dans la vallée de la Senne, dans les quartiers populaires proches du canal, là où nous tentons de relier les savoirs chauds (l’expertise d’en bas) aux savoirs froids (l’expertise d’en haut). Mais ne nous voilons pas la face, ce qui a également décidé IEB à quitter son perchoir du « Haut » de la ville, à l’instar de bon nombre d’habitants de plus en plus fragilisés, c’est le coût de l’immobilier qui grevait trop lourdement notre budget. Cureghem reste à ce titre une terre d’accueil pour ceux qui ne savent plus suivre l’évolution de la rente foncière.
C’est à cette terre et à ses habitants que nous adressons en premier lieu ce dossier. Nous connaissons encore mal notre nouveau voisinage mais nous avons pris le chemin de la rencontre avec nos premiers partenaires locaux. Parmi eux, il y a l’Union des locataires d’Anderlecht (ULAC), qui accueille ceux en quête d’un toit dans un univers urbain où le logement social semble de moins en moins faire partie du paysage, et son partenaire de toujours, le Centre de Rénovation Urbaine (CRU), qui veille à la qualité socio-écologique du bâti et mène une veille de tous les instants pour que les rénovations qui traversent le quartier bénéficient en premier lieu à ses occupants. Le Centre Euclides qui nous héberge représente lui aussi, bien au-delà de ses murs, un lieu qui pense et agit en faveur d’une économie locale.
Dans ces pages, nous évoquerons aussi le travail de Forum Abattoir, structure née du désir de la SA Abattoir, du CRU et d’IEB d’assurer une mise en débat du devenir de ce lieu clé de Cureghem : les Abattoirs d’Anderlecht. La masse de matières récoltées sur 18 mois d’activité du Forum a fait l’objet d’un journal séparé que vous trouverez encarté dans ce numéro.
Si vous n’habitez pas Cureghem, ce dossier vous est aussi destiné car les questions qui le traversent, qui pourraient être ramenées à celle du droit à la ville, nous concernent tous. Nous refusons la transformation d’un territoire chaud accueillant les plus fragiles, fort de sa valeur d’usage, en une façade froide tournée vers l’élite et l’international, préoccupée constamment de sa valeur marchande.
Inter-Environnement Bruxelles
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