Depuis une vingtaine d’années, des militants autrichiens s’opposent à la création d’une nouvelle autoroute de 203 kilomètres qui menace la réserve naturelle Lobau.
Une partie de cette nouvelle autoroute devait servir de contournement à Vienne et, pour ce faire, pénétrer dans le Lobau (classé Natura 2000) puis le traverser par voie souterraine sur une longueur de 8,5 kilomètres. Ce grand marécage danubien qui borde la ville avait déjà été menacé en 1985 par une centrale électrique, heureusement recalée après une énorme mobilisation.
Là aussi, de très nombreuses associations, fédérées aujourd’hui dans le collectif Lobau bleibt, dénoncent la destruction d’une zone naturelle préservée, l’inadéquation entre une voirie exclusivement automobile et les engagements à réduire la production de CO2, le rôle de cette voie rapide dans l’accroissement de l’étalement urbain ainsi que les coûts prohibitifs des travaux. Des chantiers, qui plus est, aux faibles retombées en termes d’emploi dès lors que « les autoroutes sont principalement construites par des machines, pas par des hommes ». Ils exigent que l’argent public finance plutôt des transports en commun, et serve en particulier à développer le réseau de tram, y compris en périphérie.
Manifestations, ZAD, pétitions, actions, occupations, interpellations, publications scientifiques, diffusion sur les réseaux sociaux, le mouvement a pris des formes diverses, a tenu sur la longueur… et a presque gagné. En effet, le 1er décembre 2021, la ministre du Climat autrichienne, Leonore Gewessler, déclare, lors d’une conférence de presse, l’abandon de sa construction pour des motifs écologiques ! Une victoire, donc.
Toutefois, la municipalité de Vienne s’entête et prévoit sur la partie communale du Lobau, une autoroute urbaine pour « délester » la A26 fortement congestionnée. Pour Heinrich, militant de Lobau bleibt : « Nous craignons qu’avec la construction de l’autoroute urbaine le tunnel du Lobau ne revienne par la petite porte. Sans le tunnel du Lobau, une autoroute urbaine traversant Hirschstetten a encore moins de sens qu’elle n’en a déjà. Malheureusement, la construction de l’autoroute du Lobau est inscrite dans la loi fédérale sur les routes. Un nouveau ministre des Transports pourrait à nouveau s’y référer. Bien que l’autoroute urbaine fasse de facto partie du grand projet, sa construction ne relève pas de la compétence du ministère des Transports, mais de celle de la ville de Vienne. Celle-ci semble malheureusement avoir un grand intérêt à bétonner encore plus le quartier de Donaustadt dans le nord-est de Vienne. »
C’est pourquoi, malgré l’évacuation de la ZAD, qui a occupé le chantier au printemps dernier, l’été 2022 sera émaillé de très nombreuses actions. Il est possible de les suivre sur le site de Lobau bleibt ou sur la page FB « Stop Lobau Autobahn ».
Eh bien, alors que l’espace public laisse progressivement plus de place pour des pistes cyclables et que les automobilistes sont ainsi enjoints à partager ce sur quoi ils ont régné durant des décennies, la Région flamande a décidé d’élargir plusieurs sections du ring qui enserre la capitale, ce qui pourrait bien toucher le bois du Laerbeek que traverse cette autoroute. Si le dossier a longtemps fait du sur-place, il devrait connaître bientôt un nouveau développement, avec la présentation prochaine de l’option d’aménagement retenue.
Le mouvement a pris des formes diverses, a tenu sur la longueur… et a presque gagné.