Inter-Environnement Bruxelles
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Au revoir Métro Nord, bonjour Prémétro+ ?

Chantier du métro 3 à Albert © IEB - 2023

Le mardi 23 mai fut une journée placée sous le signe du métro 3. En matinée, le collectif Save Tram 55 se rendait au Parlement pour interpeller les députés et députées sur le futur sort funeste du tram 55, pourtant essentiel pour toute une série de déplacements bruxellois. Leur but était de rappeler aux décideurs qu’il existe des citoyens utilisant les transports en commun, qui sont oubliés dans le projet de construction du Métro 3.

Après la projection d’un petit film donnant la parole aux usagers précités, le collectif Save Tram 55 a exposé aux députés les raisons pour lesquelles le maintien de la ligne de tram 55, transport accessible et inclusif, est absolument nécessaire, d’autant plus en regard des nombreuses critiques dont fait l’objet le projet de ligne de métro 3. Leur intervention est visible ici.

En retour les députés et députées ont très largement fait part de leur soutien indéfectible au projet de métro 3, seule solution à leurs yeux pour assurer une capacité suffisante à court et à moyen terme et dont les modalités de financement ne posent pas de problème majeur : il n’y a qu’à demander à l’État fédéral.

À midi, l’IRIB organisait une conférence titrée « Un avenir meilleur sans le Métro Nord » où Michel Hubert (Saint-Louis), Frédéric Dobruzkes (ULB) et Maxime Fontaine (ULB) sont revenus sur les justifications originelles du projet de métro (report modal de la voiture vers le transport en commun, bilan carbone favorable, réaménagement qualitatif de l’espace public entre Nord et Bordet accompagnant le projet, financement maîtrisé, hausse démographique de la population bruxelloise,…) qui sont toutes, depuis le lancement du projet en 2009, tombées à l’eau.

Reste la question de la capacité et de l’absorption de la demande en transport actuelle et future, seule justification à laquelle s’accrochent la STIB et le gouvernement bruxellois, sans pour autant présenter publiquement de chiffres objectifs et clairs au public. Alors que la dette de la Région bruxelloise, et plus généralement de la Belgique, ne fait que se creuser et que les perspectives financières ne sont guère réjouissantes, s’y posait aussi la question du courage politique à débrancher dès aujourd’hui la prise d’un projet qui certes a déjà coûté une centaine de millions d’euros en frais d’études, mais dont les montants engagés sont une portion congrue par rapport aux multiples milliards d’euros de dépenses qu’il faudra encore débourser en cas de feu vert définitif.

Début d’après-midi, on apprenait via le journal L’écho que ce n’est pas le corps politique qui débranchait momentanément la prise… mais bien Beliris, en charge de l’étude et de la mise en œuvre du tronçon Nord-Bordet. En cause, « un important dépassement » dans les offres rendues par les entreprises de génie civil pour construire les 4,5 km de tunnel et les sept nouvelles stations. Les premières offres dépassent de 250 % l’estimation précédente… Soit près de 400 millions d’euros d’augmentation à rajouter aux 2,65 milliards déjà estimés… Un scénario plus pessimiste table lui sur près d’un milliard d’euros supplémentaires.

Le service presse de Beliris a confirmé que le projet pourrait en effet s’arrêter en raison du coût des travaux, mais qu’il reviendra au gouvernement bruxellois de trancher avant le 15 juillet entre 4 options : la continuation du projet, la suspension momentanée pour négocier des baisses avec les entrepreneurs, la modification substantielle du programme prévu ou l’arrêt définitif du projet.

Du côté de Beliris l’option de l’arrêt définitif ne semble pas impensable puisque l’organisme fédéral a d’ores et déjà publié une offre d’emploi visant à recaser ses collaborateurs mobilisés depuis des années sur le projet de métro 3.

Voilà l’occasion rêvée pour mettre fin au consensus politique selon lequel il n’existe pas d’alternative au métro, de mettre d’urgence le frein sur les chantiers qui rendraient irréversible le métro 3 en créant de nouvelles correspondances (comme le terminus pour les trams 3 et 7 à la station Albert), d’étudier sérieusement les alternatives existantes comme le projet de Prémétro+ porté par la Plateforme Avanti et d’évaluer le futur sort du Palais du Midi non pas en raison des intérêts de la STIB, mais bien de ceux des habitant·es et commerçant·es du quartier !