Au cours du débat des têtes de liste bruxelloises dans l’émission « Face à l’info » du 3 juin dernier, à la question d’IEB de savoir s’il n’était pas temps de prendre en considération la nécessaire mutation de notre système économique avant que ce problème s’empare de nous comme la crise des charbonnages s’est emparée de la Wallonie voici quelques décennies, Armand De Decker, tête de liste du MR aux élections régionales, est littéralement sorti de ses gonds. Verbatim...
C’est un discours caricatural, illustratif de certains radicaux obsessionnels. Tout le monde a compris le message d’Al Gore et tout le monde veut lutter contre le changement climatique.
Des révolutionnaires, il y en a toujours eu et il y en a comme ce monsieur qui veulent développer des programmes un peu champêtres, qui veulent retourner à l’age de la pierre, au troc et qu’il ne veulent pas voir qu’il n’est évidemment pas question de remettre le système économique en question, il n’y a qu’un seul système économique dans le monde, c’est l’économie de marché qui doit être régulé et il faut se battre évidemment contre le capitalisme sauvage. Mais si on ne crée pas de richesses, on ne peut pas redistribuer ces richesses. Il y a des règles de base, il faut retourner aux choses sérieuses et là on voit qu’il y a certains rêveurs dans ce milieu-là qui ont des préccupations qui sont à mille lieues des préoccupations quotidiennes des gens, ce sont des révolutionnaires qui sont très minoritaires, des gens y compris des habitants de cette planète qui habitent dans les pays en voie de développement ont bien besoin des richesses produites ici et ça on ne le fait pas en retournant à l’âge de la pierre.
Voilà une déclaration qui n’augure rien de bon si le MR entre dans une coalition pour diriger la région dans les 5 prochaines années. Car ce parti est désormais le seul à ne pas concevoir que le système économique, tel qu’il existe aujourd’hui, est arrivé au bout de ses capacités.
La crise économique est systémique. Elle est cyclique et inhérente au capitalisme. Mais elle est singulièrement amplifiée depuis la remise en cause d’un postulat de base de toute économie productiviste (et la nôtre l’est à coup sûr, même si nous avons délocalisé la majeure partie de notre production) : les ressources ne sont pas inépuisables ! Et la technologie est tout bonnement incapable de surmonter ce écueil.
Le glissement de la valeur d’usage à la valeur d’échange aura donc lieu, avec ou sans le MR !
Question posée par IEB à l’occasion du débat des têtes de liste bruxelloises dans l’émission « Face à l’info » du mercredi 3 juin.
Pour les associations environnementales, relayant l’analyse de groupes aussi incontestés que le GIEC, le développement durable, c’est la reconnaissance des limites de notre biosphère et l’acceptation par tous que notre société vit sur un modèle socio-économique qui n’est pas tenable. Cette vision implique un nécessaire questionnement du système économique actuel et a d’importantes conséquences sur le projet économique que nous pourrions imaginer pour notre région.
Je me permets de reprendre les mots d’Hervé Kempf, journaliste au très sérieux journal Le Monde : « Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme, en construisant une société où l’économie n’est pas reine mais outil, où la coopération l’emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit. »
Si nous ne prenons pas ce problème à bras le corps, il s’emparera de nous, comme la crise des charbonnages s’est emparée de la Wallonie voici quelques décennies. N’est-il pas temps d’anticiper la révolution de notre économie, une révolution qui tient principalement à un glissement progressif de la valeur d’échange vers la valeur d’usage ? Un glissement qui fera qu’un jour, nous ne posséderons plus de voiture mais nous la partagerons avec 25 autres familles, plongeant l’industrie automobile dans une récession sans précédent.
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Mathieu Sonck, mathieu.sonck@ieb.be