« La citoyenneté est le fait pour un individu, pour une famille ou pour un groupe, d’être reconnu officiellement comme citoyen, c’est-à-dire membre d’une ville ayant le statut de cité, ou plus généralement d’un État » (Wikipedia). La citoyenneté est d’abord un attribut défini aujourd’hui par une Constitution. Il n’y a donc pas de citoyenneté en général, elle ne s’inscrit que dans les frontières d’un pays et se confond alors avec la « nationalité » et son cortège de droits et de devoirs. Mais dans la presse, les conversations de comptoir ou les déclarations des candidats aux élections, les appels à faire ou à participer sont souvent qualifiés de « citoyens ». Un forum, une maison, une manifestation sont affublés d’une vertu dont nous nous demandons parfois ce qu’elle recouvre, voire ce qu’elle dissimule.
« La citoyenneté est le fait pour un individu, pour une famille ou pour un groupe, d’être reconnu officiellement comme citoyen, c’est-à-dire membre d’une ville ayant le statut de cité, ou plus généralement d’un État » (Wikipedia). La citoyenneté est d’abord un attribut défini aujourd’hui par une Constitution. Il n’y a donc pas de citoyenneté en général, elle ne s’inscrit que dans les frontières d’un pays et se confond alors avec la « nationalité » et son cortège de droits et de devoirs. Mais dans la presse, les conversations de comptoir ou les déclarations des candidats aux élections, les appels à faire ou à participer sont souvent qualifiés de « citoyens ». Un forum, une maison, une manifestation sont affublés d’une vertu dont nous nous demandons parfois ce qu’elle recouvre, voire ce qu’elle dissimule.
Certains qualifient de « citoyen » la réalisation d’un potager collectif, l’accueil des sans-papiers, une manifestation contre un nouvel aéroport, quand d’autres invoquent la notion pour la construction d’un écoquartier de bureaux qui fragilise la réglementation commune ou pour introduire une loi sécuritaire qui limite les libertés individuelles. Est-ce là un appel à l’élaboration collective de nouvelles solidarités ou est-ce un subterfuge permettant à quelques-uns de s’emparer de ce qui relève de ce qui est commun ?
Après deux siècles de modernité dédiés à définir notre collectivité à l’intérieur d’un pays, le moment est sans doute arrivé de nous donner de nouvelles perspectives. Plutôt que de nous enfermer dans un projet national à bout de souffle, pourquoi ne pas revendiquer le droit pour chacun, individuellement et collectivement, de définir son environnement, qu’il soit économique, social, politique ou écologique ? Ce qui suppose un droit à la critique et l’ouverture d’un espace de débat au-delà des antiques limites. L’accent serait mis sur le devenir plutôt que de se référer à un cadre en train de s’effriter. Le politique serait repris en main par les femmes et les hommes à la recherche acharnée de ce qui est juste et désirable dans une démocratie toujours à inventer. « La démocratie garde toujours un caractère ‘sauvage’, car c’est précisément dans la contestation ou dans la revendication de ceux qui sont exclus de ses bénéfices que celle-ci trouve son principal ressort. » [1] Dans une telle perspective, on peut se demander si l’institué (l’État, la Région, la Communauté linguistique…) est dans son rôle quand il tente de qualifier ou d’encadrer la citoyenneté et les mouvements de citoyens qui l’ont institué. N’est-ce pas, plutôt, à ces derniers de s’organiser localement ou globalement, quitte à remettre en question les pouvoirs publics qui parfois les soutiennent ?
PRAS démographique, PRD durable, réforme du COBAT, (dé)-protection du patrimoine, au moment où à Bruxelles la Région affaiblit ce que la démocratie bruxelloise a mis 40 ans à instituer, nous sommes appelés à participer à un « Forum des initiatives citoyennes », comme si la promotion des potagers, de la biodiversité ou de la mobilité douce pouvaient compenser ces formidables régressions. Une citoyenneté à deux vitesses semble alors se développer : d’une part, une citoyenneté économique hors sol, libérée des contraintes pour les propagandistes des projets phares, des tours iconiques et des écoquartiers étincelants et d’autre part, une espèce de citoyenneté « les pieds dans la gadoue », soutenue mais contrôlée, pour les tenants des niches, des friches et des tiges de poireaux.
N’oublions pas qu’une des spécificités les plus remarquables de notre minuscule ville-région est son extraordinaire réseau d’associations, de comités et de collectifs. Une vitalité « citoyenne », probablement inégalée dans ce coin du monde. Dans la crise économique, politique et environnementale que nous traversons, une nouvelle manière de définir notre rapport aux autres et à l’environnement doit s’inventer. Et qu’imaginer de mieux que de tenter le coup ici, à Bruxelles ma belle, ce terrain sur lequel se construit une Europe qui doit tout autant se réinventer ?
[1] Justine Lacroix, Droits de l’homme et politique. 1980 – 2012, www.laviedesidees.fr.