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Travailler, se nourrir et se former

Comment les travailleurs sans-papiers peuvent-ils gagner leur vie ? A quelles formations ont-ils accès ? Quelles structures d’aide existent pour rendre la vie moins compliquée, particulièrement pour se nourrir ?

Comment travailler quand on est en séjour illégal ?

D’office, le travail légal est exclu : sans permis de séjour il n’est pas possible d’obtenir un contrat légal depuis la fin de la crise pétrolière des années 1970. Avant cela, des employeurs pouvaient aller chercher à l’étranger de la main d’œuvre, leur offrir un contrat de travail, qui lui-même donnait ensuite accès à un titre de séjour. Aujourd’hui, en dehors de cas exceptionnels, l’immigration par le travail n’existe plus. En tous cas, elle n’est plus organisée par les employeurs, même si la recherche d’emploi est toujours une des raisons principales de l’immigration. Permis de travail et titres de séjour ont toujours été liés.

Aujourd’hui, pour les sans-papiers, c’est la débrouille qui prévaut. On les retrouve bien entendu dans les emplois peu qualifiés, peu visibles, et souvent sales et dangereux. Pour les hommes, dans les chantiers, au bout de la chaîne des sous- traitants : pour les petits boulots, dans l’Horeca, cachés dans les cuisines. Les femmes font les ménages, gardent les enfants de connaissances. Travail de nuit, petits ateliers clandestins, restauration, des emplois souvent mal payés. À l’arrivée, la situation est plus simple pour ceux qui ont une famille « ici ». Le réseau social n’est alors pas trop long ni trop compliqué à construire. Pour les autres, il s’agit de se créer des entrées dans sa communauté ethnique ou communautaire, en participant à la vie de quartier, en se faisant connaître dans les lieux de socialisation que sont les cafés, marchés, etc. Loin d’une mythique solidarité, certains « anciens » n’hésiteront pas à profiter des nouveaux venus. Ce n’est bien entendu pas toujours le cas, et des réseaux d’aide, de recrutement, de soutien existent et prolifèrent de manière informelle.

Comment se nourrir ?

Pour ce qui est de se nourrir, les sans- papiers font comme tout le monde, quand ils en ont les moyens. Pour ceux qui sont dans la précarité, de nombreux réseaux de solidarité existent. Sans-papiers et sans- abri s’y retrouvent souvent. Les super- marchés font don de leurs invendus aux banques alimentaires qui les redistribuent périodiquement. Les CPAS également, ainsi que la Croix Rouge. Les mosquées offrent des repas le vendredi, jour de la grande prière ainsi que pendant toute la période du ramadan. La récupération des invendus à la fin des marchés des Abattoirs et du marché du Midi est aussi une pratique permettant de se nourrir quelques jours à moindre frais.

Peut-on, participer à des formations ?

En ce qui concerne la formation et l’apprentissage des langues nationales, des solutions instituées existent. Différents collectifs et associations, comme « Lire et Ecrire » ou le collectif « Alpha » sont ouverts à tous, avec ou sans titre de séjour. Une partie non négligeable du public qui s’y retrouve est en séjour illégal. De nombreuses associations sont de même impliquées dans l’alphabétisation. Le réseau d’ apprentissage du néerlandais est également assez fort et actif.

Pour les enfants, la situation est un peu plus simple, le droit à l’enseignement étant garanti dans les écoles bruxelloises, pour tous les enfants, même en séjour illégal. Il ne s’agit pas là d’une quelconque tolérance des autorités, mais bien du simple respect d’un droit international. La présence des enfants sans papiers dans les écoles est très visible. De nombreuses actions d’écoles se mobilisant contre le renvoi « ailleurs » d’un ou une camarade de classe se font entendre dans la presse, les enfants étant parfois depuis de nombreuses années dans l’école lorsque la famille se fait expulser.

par Hélène Quoidbach , Mohamed Benzaouia

Ancien travailleur d’IEB

, Nicolas Prignot