Inter-Environnement Bruxelles
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2003, Création de Natagora : la protection de la nature, une longue histoire de rassemblements de la diversité

© Gustave Copejans / Natagora - 2024

Avant les années ‘50, les défenseurs de la nature envisageaient principalement la protection de celle-ci au travers des espèces. Par la suite, progressivement, les acteurs et actrices de l’environnement élargissent leur champ d’action pour s’atteler aux habitats. Ce mouvement prône une vision basée sur l’acquisition de terrains, de sorte à les protéger sur le long terme.

L’élan principal a été donné en 1951 par les Réserves Ornithologiques de Belgique asbl (ROB) devenue en 1959 les Réserves Naturelles et Ornithologiques de Belgique (RNOB), qui ont réussi à acheter, prendre en location ou placer sous « charte de réserve libre » de nombreux sites intéressants éparpillés dans tout le pays. Le plus grand mérite des RNOB et des autres associations privées (Ardenne et Gaume, Amis de la Fagne, De Wielewaal…) fut sans doute d’avoir éveillé l’opinion publique et d’avoir secoué la torpeur des instances officielles dites responsables.

En 1983, la conservation de la nature est régionalisée, amenant les RNOB, en 1987, à devenir en Wallonie et à Bruxelles les Réserves Naturelles-RNOB. L’asbl reste centrée sur l’acquisition et la gestion de réserves naturelles. Enfin, en 2003, un rapprochement entre cette association et la Société d’Etudes Ornithologiques AVES, est à la base de la création de l’asbl Natagora.

Aves est née sous la forme d’association de fait, en 1953, grâce à l’initiative de Joseph Nagels. 10 ans plus tard, elle prendra la forme d’une ASBL.

Observer, connaître, étudier les différentes espèces d’oiseaux vivant dans leur milieu naturel, tel était l’objectif premier de Joseph Nagels. Très vite cependant, l’ornithologue de terrain s’aperçoit que l’oiseau n’est qu’un des nombreux éléments participant à l’équilibre biologique du monde vivant qui nous entoure  ; très vite aussi, il arrive à sonder l’impact effrayant des activités humaines actuelles sur ces équilibres délicats. Une étude objective et responsable de la nature entraîne fatalement un désir farouche de la défendre et la protéger, et débouche sur la lutte contre les diverses pollutions, contre les destructions de biotopes et contre l’urbanisation générale de nos campagnes (autrement appelée “rurbanisation”). In fine, il s’agit d’une lutte pour la sauvegarde de l’humanité elle-même.

Dès la seconde moitié des années ’60 - et surtout des années ’70 - un nombre très important de groupements éclectiques s’inscrivent dans le champ de la défense de l’environnement. Il s’agissait, dans la plupart des cas, de mouvements locaux créés en réaction à des dossiers ponctuels, en particulier liés à des grands projets d’infrastructures ou d’aménagements : réseau autoroutier, barrage, décharge… Accessoirement (ou indirectement) ces groupements locaux œuvraient à promouvoir la faune ou la flore. Cette dynamique d’émergence des mouvements militants est toujours bien présente en Région de Bruxelles-Capitale (RBC).
Toutefois, les instances de protection de la nature n’ont pas attendu Natagora, ni les RNOB pour protéger les milieux. En effet, quelques-unes étaient déjà bien actives telles que la Commission Ornithologique de Watermael-Boitsfort (COWB), la Commission de l’Environnement de Bruxelles-Ouest (CEBO), la Commission de l’Environnement de Bruxelles et Environs (CEBE) ou encore la Ligue des Amis de la Forêt de Soignes. D’emblée mobilisées pour la protection de la nature — et pour la création d’Inter-Environnement Bruxelles — relayant une vision commune de la “réserve naturelle”. Plus tard, la Commission pour la Conservation, la Gestion et le Développement de la Nature dans la Vallée du Vogelzangbeek et les défenseurs du Kauwberg se sont joints au mouvement.

Dans les années ‘80, les derniers espaces semi-naturels se trouvaient menacés par de multiples projets de grande envergure : urbanisation, lotissements, construction de terrains de golf, etc. Devant les graves lacunes de la législation bruxelloise en matière de conservation de la nature, et l’absence de volonté politique, la quasi-totalité des associations et comités de quartier actifs dans le domaine de la protection de la nature se sont constitués spontanément en un « Front Commun » [1]. Ils se sont fixés comme objectif premier de sensibiliser, tant les habitant·es que les autorités publiques, à la nécessité de conserver les derniers espaces de nature libre dans l’agglomération bruxelloise. Ce front s’est constitué en asbl le 29 avril 2003, et a décidé de changer sa dénomination en « BRUXELLES NATURE – BRUSSEL NATUUR ».

En 2003 toujours, Aves et RNOB ont entamé un rapprochement avec d’autres associations qui s’achevera en 2013, créant ainsi Natagora.

Il est intéressant de relever que cette importante association de protection de la nature est née de rassemblements de collectifs et comités d’habitant·es urbains, réagissant le plus souvent à des évènements locaux que certains tentent de disqualifier de manière systématique en les taxant de nimbyisme. Certaines luttes importantes commencent pourtant à côté de chez soi.

Informations rassemblées par Amandine Tiberghien, avec l’aide précieuse de Jan Terlinck, Jean Rommes et Jean-Guillaume Joly.


[1Pour en savoir plus : IEB a consacré un article au Front commun de défense de la Nature : 1987 : Front commun des groupements de défense de la nature