Sans l’acharnement de comités de quartier ucclois, forestois et drogenbossois, la cheminée d’un incinérateur aurait pu fumer à côté de celle de l’usine électrique qui clignote le long du ring à Anderlecht. Entre 1997 et 2002, la province du Brabant flamand a pourtant ferraillé sec pour installer un gros incinérateur (géré par Vlablaver, pour une capacité de 207.000 tonnes de déchets ménagers et assimilés) dans son enclave de Drogenbos.
Pour les comités, il aurait été « placé au pire endroit possible, car les vents dominants propageraient sa nuisance sur tout Bruxelles ». Ajoutons qu’à l’époque, l’incinérateur bruxellois ne respectait pas la législation et polluait donc le nord de la ville.
Le bras de fer est mémorable et consigné sur le site du comité de quartier Bempt : manifs en pyjama, interpellations des élus, actions en justice, occupation et visite impromptue des activistes au Palais des Beaux-arts... En 2002, au bout de cinq ans de mobilisation et une action en justice : la Cour de cassation confirme la caducité du permis d’environnement nécessaire au projet d’incinérateur de Drogenbos.
Avant de se couvrir d’un énorme zoning commercial et industriel, d’un bout de ring et d’autoroutes urbaines, la plaine agricole du Bempt (en flamand prairie humide) s’étendait sur un large territoire partagé entre plusieurs communes, dont Drogenbos, Forest et Anderlecht.
Les groupes forestois et ucclois étaient bien entrainés et avaient obtenu l’arrêt d’autres projets pharaoniques et désastreux pour l’environnement : un bouclage de ring, un golf, des plans de lotissements dans les parties boisés de leurs communes respectives. Mais pour Forest et sa zone agricole, industrialisée progressivement en bordure de chemin de fer, c’était plus compliqué. L’échangeur de Drogenbos fut certes un sujet hilarant pour une émission des travaux inutiles, mais les maraîchers ne revinrent plus. Ils firent place à un parc et des terrains de sports. Volkswagen-Audi-Dieteren s’est également étendu sur ses abords et sur les terrains des industries qui avaient déménagé ou périclité durant les années 80-90, allant jusqu’à recouvrir des voiries publiques.
Aujourd’hui, le parc du Bempt est un reliquat de la grande prairie humide. Et son avenir fait à nouveau l’objet d’un nouveau débat public : la Royale Union Saint-Gilloise veut y construire un stade. Bref, le Bempt est toujours une terre disputée.