Bruxelles en mouvements n°326, septembre 2023.
Pariant qu’il est encore possible, à travers tout le brouhaha qui a marqué cette rentrée belge et bruxelloise, de capter l’attention de nos lectrices et lecteurs le temps de quelques pages, au café, aux toilettes ou dans les transports publics, nous vous proposons dans ce dernier numéro de Bruxelles en mouvements un ensemble d’articles quelque peu éclectique. S’il y manque un fil continu, on retrouve cependant à travers tous les textes cette volonté de ne pas se résigner à subir la ville qui nous est imposée à l’issue de réunions derrière des portes closes, à grands coups de marketing et de faits accomplis. Il s’agit de nous doter d’outils afin de pouvoir agir sur elle.
Convaincu·es que la question sociale se trouve au cœur de la question urbaine, la notion de droit à la ville est depuis longtemps déterminante pour le travail d’IEB. Dans le numéro présent, Tam Blondiau-Lebeau cherche à intégrer le rapport social du genre à cette réflexion vivante et collective. À travers un double article nourri de multiples entretiens, elle aborde le droit à la ville avec un parti-pris résolument féministe, à contre-pied d’un féminisme instrumentalisé à des fins sécuritaires ou de gentrification.
Dans notre second article, Yulan Loute et Claire Scohier s’appliquent à répondre aux interrogations suscitées par la profusion de projets immobiliers observée dans le secteur hôtelier, alors même que celui-ci connaît des difficultés importantes avec un chiffre d’affaires fort réduit et un taux d’occupation faible. La réponse semble se trouver du côté d’une logique d’investissement qui espère susciter la demande en gonflant l’offre.
Prochain arrêt, le no man’s land situé en contrebas de la Colonne du Congrès sur lequel de nombreux·ses habitant·es se sont déjà interrogé·es. Comment une friche d’une telle dimension a-t-elle pu s’installer au cœur de Bruxelles ? Dans un article sur la saga immobilière de la Cité administrative de l’État, *Olivier Fourneau* revient sur plusieurs décennies d’urbanisme raté et la dilapidation éhontée d’un patrimoine foncier public.
Le dernier article donne la parole à Financité et à la Zinne, monnaie locale et citoyenne bruxelloise. Disparition des agences bancaires et des distributeurs dans les quartiers, service au rabais et files interminables made in Batopin, matraquage anti-cash… la guerre est déclarée à l’argent liquide et sa disparition potentielle soulève de nombreuses questions. Pour les champion·nes des monnaies locales et citoyennes, celles-ci constituent une réponse, au moins partielle, à celles-ci.
Le poids du marketing urbain, des velléités d’attractivité et des investissements – sans lien avec les besoins des habitant·es – viennent se fait sentir à plusieurs endroits du journal, que ce soit de manière évidente ou en filigrane. Décidément, la ville pour et par ses habitant·es, ce n’est pas encore pour demain. Cela n’en reste pas moins l’horizon vers lequel regarde IEB, et nous savons que nous sommes loin d’être les seul·es.