Bruxelles en mouvements n°329, avril 2024.
En ce début de printemps, l’équipe d’IEB a regardé vers le haut pour se questionner sur le cycle, non pas des saisons, mais des tours : de leurs éclosions à leur mise au ban en passant par leur retour en grâce.
Le dossier démarre par un inventaire « Prends garde à la tour » qui retrace l’histoire des gratte-ciel à Bruxelles. L’article se focalise sur la vague qui, au milieu des années cinquante, va transformer la ville, emportant avec elle patrimoine remarquable et ville du XIXème siècle. En vingt ans, le centre-ville s’est progressivement jalonné de tunnels, d’autoroutes et de buildings consacrés au bureau. Une nouvelle cité doit naître au nom du progrès. Au quartier Nord, onze-mille habitants seront expropriés générant un tollé général. Plombé par la crise pétrolière, le premier cycle de tour s’arrête à Bruxelles.
A partir des années 90, les démolitions systématiques vont progressivement faire place à une logique de rénovation des quartiers. L’idée générale est de reconstruire le tissu urbain malmené. Dans cette configuration, la tour est vouée aux gémonies. Néanmoins de nouveaux frémissements apparaissent début des années deux-mille. « Plus d’une tour dans son sac » s’attarde sur ce moment où les débats politiques ont transformé la tour d’objet honni en figure à nouveau désirable. La tour de logement de luxe Up-site, inaugurée en 2014 au bord du canal, marquera le retour définitif des tours au sein de la ville. De nouveaux outils, proposant un urbanisme d’exception, sont peu à peu été élaborés : les RRUZ (Règlement Régional d’Urbanisme Zoné) puis les PADs (Plans d’Aménagement Directeur).
Plus récemment encore, l’Urban Ruling, un nouveau dispositif visant à permettre d’offrir des certitudes aux développeurs immobiliers préalablement à l’acquisition du terrain d’offrir, fait l’objet de projets pilotes. Notre troisième article fait un premier état des lieux sur ces négociations qui s’enclenchent en amont entre les administrations et les promoteurs sur les surfaces qu’ils seraient autorisés à bâtir. Pour les défenseurs du concept, c’est un moyen de réguler la valeur foncière, mais notre analyse met en évidence les risques d’un urbanisme négocié où pourraient se nicher de nouvelles tours. Les transformations autour de la gare du Nord montrent les tendances sous-jacentes au dispositif.
Le journal s’éloigne ensuite du sommet des tours pour revenir aux luttes de terrain. « En finir avec les marchands de sommeil » relate les tribulations de groupes de locataires pour faire reconnaître par les cours de justice les torts qu’ils ont subis. Ce récit démarre par l’expulsion violente et expéditive d’une quarantaine de locataires à la rue des Coteaux. Au travers de l’expérience d’associations, le texte expose l’impunité de certains propriétaires et la faiblesse des réponses données.
Et pour clore sur un dossier chaud du moment, lisez l’article consacré aux turpitudes de la ligne de métro. Après les sols marécageux et les offres démesurées des soumissionnaires, c’est une nappe phréatique qui contrarie à présent le projet sous la gare du Nord. Si la succession d’événements malheureux est risible, les conséquences financières le seront beaucoup moins. L’occasion de réaffirmer qu’il existe une alternative, beaucoup moins onéreuse et plus rapide à mettre en œuvre : la proposition « Prémétro Plus » de la plateforme AVANTI qui vise à utiliser les infrastructures existantes pour améliorer le réseau de transport léger.