Bruxelles en mouvements n°331, septembre 2024.
Pour qui connaît un tant soit peu IEB, il est évident que l’attention aux particularités bruxelloises fait partie de notre ADN, tout comme la connaissance fine du terrain local qui informe nos analyses et notre action. Néanmoins, il est tout aussi évident que certaines des dynamiques auxquelles nous sommes aujourd’hui confronté·es dépassent de loin les limites du ring.
Ainsi, Bruxelles n’est certainement pas la seule ville dont le tissu urbain soit mis à mal par les effets des « politiques d’attractivité » qui se sont imposées dans les programmes politiques et les projets urbains ces dernières décennies.
À Athènes, le quartier d’Exarchia subit une gentrification galopante et la construction d’une station de métro y prive les habitant·es de leur place. Organisé·es à travers une assemblée hebdomadaire, ils résistent de toutes leurs forces et nous offrent le récit de leur lutte.
À Marseille et dans le Lubéron aussi, des voix se lèvent pour revendiquer le droit au logement pour les habitant·es et dénoncer la touristification qui le menace.
Inspiré·es par la démarche de l’initiative Deutsche Wohnen & Co. enteignen à Berlin, les Lisboètes du Movimento Referendo pela Habitação font, à travers une campagne pour un référendum d’initiative populaire local, le pari de la démocratie urbaine pour défendre leur ville contre sa transformation brutale en parc d’attractions pour touristes, résident·es étranger·es nanti·es et nomades digitaux.
Plus loin, nous vous donnerons également des nouvelles du Rojava, où un projet démocratique radical, né dans des circonstances extrêmement difficiles et une région hostile, se défend obstinément contre les attaques qu’il subit.
L’exercice d’une démocratie locale par le bas et la résistance aux politiques d’attractivité sont donc deux fils tendus à travers ce numéro. La nécessaire alliance entre environnementalistes et défenseur·euses de la justice sociale en est un autre.
Ce troisième fil relie notamment l’article sur la lutte des écureuils contre la construction de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse, celui sur le combat continu de Ceux de Clabecq qui les amène à faire cause commune avec les Soulèvements de la terre et le texte que nous a envoyé l’Alliance du Marais Biestebroeck. Entre Anderlecht, Forest, Rome, Madrid, Berlin, ou encore Bucarest, s’esquisse une réelle internationale des zones humides urbaines en résistance.
L’écologie sociale et populaire à venir est également le propos de Paul Hermant des Actrices et acteurs des temps présents. Il l’illustre à travers l’expérience de l’Hôtel du peuple d’Anderlues.
Vous l’aurez compris, le parti pris de ce BEM est que nous avons tout à gagner à nous intéresser à ce qui se passe ailleurs et à nous mettre en lien avec celles et ceux qui défendent ailleurs le droit à la ville et la justice environnementale. Il s’agit non seulement de nourrir nos pratiques et nos analyses, mais aussi de nous renforcer mutuellement en prenant conscience de l’adversité et des enjeux communs.