Bruxelles en mouvements n°306, mai 2020.
Pour certains·e·s, le confinement aura été l’occasion d’interroger tout ou partie de ce qui faisait le « monde d’avant ». Appels, pétition, tribunes, embryons de programmes politiques : la suspension du temps a en effet permis à une partie de la population, voire des institutions, de jeter un regard plus ou moins critique sur nos sociétés – en plus d’offrir l’occasion de présenter sa dernière recette de tarte à l’abricot sur Instagram.
La dernière livraison de Bruxelles en mouvements n’aborde pas ces remises en cause ni ces expérimentations culinaires. Dans un format spécial, signe des conditions particulières de sa production, le numéro 306 se penche d’abord sur l’opportunité qu’aura représenté le confinement pour les tenants du « monde d’avant » : déploiement anti-démocratique d’une « 5G light », lancement d’un marché public relatif au métro 3 en l’absence d’étude d’incidences et de consultation, extension de Bruxelles-National, et poursuite d’enquêtes publiques annoncées dans un espace public fantomatique. Même les infirmier·e·s, aides-soignant·e·s, brancardier·e·s, ambulancier·e·s, pourtant subitement transfiguré·e·s en héro·ine·s, auront dû avaler des couleuvres, comme en témoigne un texte du collectif Santé en lutte.
Mais pas que. Ce BEM offre la plume ou dédie un espace aux oublié·e·s du confinement : les locataires du privé et les sans-papiers, alors que l’habitat restait largement absent du débat public (si ce n’est sous la forme « restez chez vous »), ainsi que les habitant·e·s des quartiers populaires, confronté·e·s à des déploiements policiers d’envergure. Et aux victimes, aussi, dont un ket d’Anderlecht, fauché par une voiture de police banalisée. Adieu Adil.